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[CRITIQUE] 10 Cloverfield Lane : La franchise aux milles visages

A une époque où le marketing joue un rôle majeur dans le succès d’un film (la preuve avec Batman v Superman : L’aube de la justice [Zack Snyder, 2016] dont la campagne promo s’est étalée sur plus d’un an) il existe de petits outsiders qui s’offrent le luxe de se dévoiler seulement trois mois avant leur sortie.10 Cloverfield Lane.

Un film, un personnage, un genre.

C’est le cas de 10 Cloverfield Lane réalisé par Dan Trachtenberg. Commençons par étudier la gestation du film et son imbrication dans la franchise Cloverfield car c’est là la principale force du film mais aussi son plus gros problème. 10 Cloverfield Lane n’est pas la suite à proprement parlé du Cloverfield original (Matt Reeves, 2008) mais il se déroule dans le même monde à l’image d’un univers étendu. C’est d’ailleurs la volonté de JJ. Abrams que de créer une franchises dont les films seraient connectés sans toutefois se croiser, c’est ce qu’il appelle le Cloververse. Derrière ce nom revient la métaphore du champ de trèfle (cloverfield en anglais) dans le sens où l’on prend un trèfle au hasard dans ce champ et l’on développe un long-métrage autour de sa petite histoire, de sa manière de survivre dans ce champ.

Le premier film s’attardait donc sur l’avancée d’un couple devant quitter New-York après que la ville n’ait subit l’arrivée d’un monstre destructeur. Le tout était filmé en caméra subjective dans le plus pure style found-footage. Cette fois cependant nous suivons le destin d’une jeune femme enfermée dans un bunker avec deux inconnus qui lui déconseillent d’en sortir sous peine d’être tuée par l’air devenu toxique. Un second film, un nouveau protagoniste et un nouveau genre cinématographique abordé : le huis-clos. L’univers mis en place se présage sous les meilleurs auspices tant par la multitude quasi-sans-fin de sujet qu’il pourrait aborder que par le nombre tout aussi grand de forme qu’il est libre de prendre.

Voilà donc pour les points positifs liés à ce Cloververse, abordons maintenant les défauts qu’il engendre car le plus gros soucis de ce film est certainement sa réorientation forcée afin de l’inclure dans cet univers. En effet le film était déjà écrit par John Campbell et Matt Stuecken en 2012 sous le nom de The Cellar. Cependant le script a connu une longue traversée du désert car il ne trouvait pas les 5 millions nécessaires à sa mise en chantier. Après moult péripétie le film est arrivé chez Bad Robot, la société de production de JJ Abrams et le choix à été fait de réaliser le film sous couvert de quelques modifications au script afin de l’inclure dans le fameux Cloververse. De la même manière Jaques Tourneur avait dû modifier le montage de son film Rendez-vous avec la peur (1957) pour pouvoir le distribuer au risque d’en changer complètement le propos. Sans entrer dans les détails, cette réécriture se sent réellement vers la fin du film et des enjeux perdent leur sens avec le contexte Cloververse.

Toujours dans les conséquences de cette univers connecté, il convient d’ajouter que (pour en avoir fait l’expérience) une personne ayant vu le Cloverfield original ne se posera pas les mêmes questions tout au long du film qu’une personne découvrant la franchise. Étonnamment ce film aura certainement plus d’impact sur quelqu’un n’ayant pas vu le premier Cloverfield.

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La mise en scène adaptée à l’étroitesse du bunker.

Maintenant que l’on en a terminé avec le « méta » du film occupons nous ses qualités intrinsèques. Le scénario est très bon et saura vous tenir en haleine durant 103 minutes. Le film étant un huis-clos avec trois personnages seulement nous n’allons pas nous étendre sur ses tenants et aboutissant au risque de dévoiler une partie de l’intrigue. Par ailleurs les acteurs sont toujours justes quelque soit la situation et quant aux rumeurs prétendant que Bradley Cooper figure au casting elle sont vraies, toutefois cela relève davantage du caméo que d’un vrai rôle.

N’y allons pas par quatre chemin, le film est une réussite. Il maîtrise tout ce qu’il entreprend sans jamais dénoté. L’œuvre est ponctuée par quelques scènes de forte tension qui ne manquent pas de nous tenir fermement accroché à l’accoudoir en serrant les dents. En ce qui concerne la mise en scène à proprement parlé il convient de saluer l’utilisation à bon escient de la synecdoque, servant ici à catalyser l’angoisse des personnages ainsi que le suspens autour de l’extérieur du bunker. De plus l’utilisation du format cinémascope (ratio 2.35 : 1), prévu à l’origine pour filmer les grands espaces, est ici utilisé à contre emploi pour retranscrire un endroit confiner. De cette manière il accroît un peu plus l’impression d’enfermement.

10 Cloverfield Lane est une réussite qui plaira d’autant plus que le visionnage de Cloverfield n’est vraiment pas nécessaire à sa bonne compréhension. Cependant n’allez pas au Cinéma en espérant voir un film de monstre à l’image de l’opus précédant. Ici la notion de monstre est plutôt métaphorique : qu’est ce qu’un monstre? Et est il réellement à l’extérieur du Bunker ou bien tapis au fond de l’âme de ses résidents?

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Charli
Charli
Chasseur de trophée chronique et observateur du carrefour mise en scène / Cinéma / Jeu Vidéo. Passionné par les arts de la scène et de l'écran. Vive Fincher, Clap-trap et Andrew Ryan.

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