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La psychohistoire : Une science fictive au service de l’histoire

La psychohistoire est une science inventée par Isaac Asimov dans le Cycle de Foundation, qui permet de prédire le futur des sociétés humaines à partir des mathématiques.

La psychohistoire est une science fictive inventée par Isaac Asimov dans le Cycle de Foundation, qui regroupe sept romans publiés entre 1951 et 1993. Cette science permet de prédire le futur à l’aide de modèles mathématiques basés sur le comportement des masses humaines. Elle est la clé du plan Seldon, qui vise à réduire la durée de la période de chaos qui suivra l’effondrement de l’Empire galactique.

Les origines de la psychohistoire

Isaac Asimov (1920-1992) était un écrivain de science-fiction et un professeur de biochimie. Il a commencé à publier des nouvelles dans des magazines spécialisés dès les années 1930, et a écrit plus de 500 ouvrages, dont le célèbre Cycle des Robots. Il est considéré comme l’un des maîtres du genre, avec Robert A. Heinlein et Arthur C. Clarke.

Asimov s’est inspiré de la physique statistique, qui étudie le comportement des systèmes composés d’un grand nombre de particules, comme les gaz ou les fluides. Il a transposé cette idée au niveau des sociétés humaines, en imaginant qu’il était possible de décrire et de prédire leur évolution à partir de lois mathématiques. Asimov a également été influencé par l’histoire, notamment par l’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain d’Edward Gibbon, qu’il a lue à l’âge de 15 ans. Il a ainsi conçu le scénario d’un Empire galactique qui s’effondre après des millénaires d’existence, et d’une Fondation chargée de préserver la civilisation et d’accélérer la renaissance d’un nouvel Empire.

Asimov n’est pas le premier à avoir utilisé le terme de psychohistoire. En 1938, Nat Schachner avait publié une nouvelle intitulée The History of the Future, dans laquelle il décrivait une science capable de prédire les événements historiques à partir des données psychologiques des individus. Asimov a reconnu avoir lu cette nouvelle, mais il a affirmé avoir oublié son titre et son contenu lorsqu’il a écrit ses propres histoires.

Un autre acteur important dans la création de la psychohistoire est John W. Campbell, le rédacteur en chef du magazine Astounding Science Fiction, qui publiait les nouvelles d’Asimov. Campbell était un homme aux idées originales et parfois controversées, qui aimait stimuler et orienter ses auteurs. Il a suggéré à Asimov plusieurs éléments clés du Cycle de Fondation, comme le personnage d’Hari Seldon, le fondateur de la psychohistoire, ou le concept des crises Seldon, des moments critiques où le destin de la Fondation est en jeu. Il a également apporté des corrections et des améliorations aux textes d’Asimov, notamment en matière de style et de logique.

Le concept de la psychohistoire

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Asimov définit la psychohistoire comme « la branche mathématique des sciences sociales ». Elle analyse les données historiques, les tendances démographiques, les facteurs sociaux, économiques, politiques et culturels qui influencent le comportement des masses humaines. La psychohistoire calcule les probabilités des événements futurs et les moyens d’agir pour les modifier. Elle se distingue ainsi de la psychologie individuelle, qui s’intéresse aux motivations et aux actions des personnes singulières.

La psychohistoire repose sur plusieurs principes et méthodes. Le premier est celui du déterminisme historique : l’idée que l’histoire suit un cours inéluctable, qui peut être décrit par des lois générales. Le deuxième est celui de la statistique : l’idée que les phénomènes aléatoires ou imprévisibles peuvent être négligés ou compensés lorsqu’on considère un grand nombre de cas. Le troisième est celui du calcul : l’idée que les équations de la psychohistoire peuvent être résolues à l’aide de machines puissantes, comme les ordinateurs ou les cerveaux électroniques.

La psychohistoire nécessite également des conditions particulières pour fonctionner. La première est celle de la taille de la population : il faut qu’elle soit très nombreuse, de l’ordre du milliard ou plus, pour que les lois statistiques s’appliquent. La deuxième est celle de l’homogénéité de la population : il faut qu’elle soit suffisamment semblable et stable dans ses caractéristiques et ses comportements, pour que les variations individuelles soient négligeables. La troisième est celle de l’isolement de la population : il faut qu’elle soit coupée de toute influence extérieure, qui pourrait introduire des facteurs imprévus ou perturbateurs.

La psychohistoire n’est pas une science exacte ni infaillible. Elle comporte des marges d’erreur et des incertitudes, qui augmentent avec le temps et la distance. La psychohistoire ne peut pas prédire les détails ni les événements singuliers, mais seulement les tendances générales et les événements majeurs. Elle ne peut pas non plus contrôler totalement le futur, mais seulement le guider ou le modifier dans une certaine mesure.

La signification de la psychohistoire dans l’univers de Fondation

La psychohistoire joue un rôle central dans le plan Seldon, qui guide la Fondation au fur et à mesure des siècles, à travers les apparitions holographiques de Seldon qui annoncent les crises majeures et les solutions possibles. Le plan Seldon est fondé sur l’hypothèse que l’Empire galactique va s’effondrer, entraînant une période de barbarie et d’obscurantisme qui durera 30 000 ans. Le but du plan Seldon est de réduire cette période à 1 000 ans, en créant une Fondation à l’extrémité de la galaxie, qui préservera le savoir scientifique et technique, et qui deviendra le noyau du nouvel Empire.

La psychohistoire donne ainsi un sens et une cohérence à l’histoire, en la présentant comme un processus cyclique et prévisible, qui suit des lois universelles. Elle offre également une perspective optimiste et rationaliste, en montrant que l’humanité peut surmonter les difficultés et progresser vers un avenir meilleur, grâce à la science et à la raison.

Mais la psychohistoire pose aussi des questions philosophiques et morales, sur le déterminisme, le libre arbitre et le rôle des individus dans le cours des événements. La psychohistoire implique-t-elle que le futur soit déjà écrit, et que les actions humaines soient sans importance ? Ou bien laisse-t-elle une place à la liberté et à la responsabilité des hommes ? Quelle est la légitimité du plan Seldon, qui manipule les masses sans leur consentement ni leur connaissance ? Quelles sont les limites éthiques de la psychohistoire, qui peut être utilisée à des fins nobles ou malveillantes ?

Ces questions sont illustrées par plusieurs exemples tirés du Cycle de Fondation. L’un des plus célèbres est l’apparition du Mulet, un mutant doté d’un pouvoir mental qui lui permet de contrôler les émotions et les volontés des autres. Le Mulet est un facteur imprévu par la psychohistoire, qui perturbe gravement le plan Seldon en conquérant une grande partie de la galaxie. Il représente une menace pour la Fondation, mais aussi une opportunité pour certains personnages, comme Ebling Mis ou Bayta Darell, qui tentent de découvrir le secret du plan Seldon ou de sauver ce qui peut l’être.

Un autre exemple est celui du Second Empire galactique, fondé par R. Daneel Olivaw, un robot humanoïde issu du Cycle des Robots. Olivaw a fusionné avec Gaïa, une planète vivante dotée d’une conscience collective, pour créer Galaxia, un projet visant à unifier toute la galaxie en une seule entité mentale. Olivaw a agi en secret pour modifier le plan Seldon et orienter l’histoire vers son objectif. Il représente une alternative à la psychohistoire, qui repose sur la diversité et la liberté des individus, mais aussi une menace pour leur identité et leur autonomie.

La fin de Foundation et le plan Seldon

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Le Cycle de Foundation, qui comprend sept romans publiés entre 1951 et 1993, raconte l’histoire d’une civilisation humaine qui s’étend sur toute la galaxie, mais qui est menacée par un déclin inéluctable. Hari Seldon, le fondateur de la psychohistoire, a élaboré un plan pour réduire la durée de la période de chaos qui suivra l’effondrement de l’Empire galactique, en créant deux Fondations aux extrémités de la galaxie, qui devront préserver le savoir scientifique et technique, et qui seront confrontées à des crises majeures prévues par la psychohistoire.

La fin du cycle est marquée par plusieurs rebondissements et révélations, qui remettent en question le plan Seldon et la psychohistoire elle-même. On découvre ainsi que le plan Seldon a été modifié en secret par R. Daneel Olivaw, un robot humanoïde issu du Cycle des Robots, qui a fusionné avec Gaïa, une planète vivante dotée d’une conscience collective, pour créer Galaxia, un projet visant à unifier toute la galaxie en une seule entité mentale. Olivaw a agi pour protéger l’humanité d’une menace extérieure, les Envahisseurs, des êtres étrangers à la galaxie, capables de manipuler la réalité.

On apprend également que la psychohistoire n’est pas une science exacte ni infaillible, mais qu’elle repose sur des hypothèses et des approximations, et qu’elle peut être perturbée par des facteurs imprévisibles ou imprévisibles, comme le Mulet, un mutant doté d’un pouvoir mental qui a conquis une grande partie de la galaxie, ou Golan Trevize, un membre de la Seconde Fondation, qui a le don de choisir toujours la meilleure option.

La fin du cycle laisse donc le lecteur dans l’incertitude quant au sort de l’humanité et à l’avenir de la galaxie. Le plan Seldon a-t-il réussi ou échoué ? La psychohistoire est-elle une science valide ou une illusion ? Galaxia est-elle une utopie ou une dystopie ? La réponse à ces questions dépend en partie du point de vue et des préférences du lecteur, mais aussi de sa capacité à imaginer les conséquences possibles des choix des personnages.

L’influence d’Asimov sur la science-fiction et la psychohistoire

Isaac Asimov est considéré comme l’un des maîtres de la science-fiction et a influencé de nombreux auteurs et créateurs du genre, comme George Lucas, qui s’est inspiré des robots d’Asimov pour créer les droïdes de Star Wars ou Frank Herbert, qui a repris le thème du déclin d’un empire galactique dans Dune. Il a également contribué à populariser la science-fiction auprès du grand public, en écrivant des articles et des essais sur le sujet.

Asimov a également marqué les esprits avec son concept de psychohistoire, qui mêle mathématiques, sociologie et psychologie pour prédire le futur à partir du comportement des masses humaines. Ce concept a suscité l’intérêt et la curiosité de nombreux lecteurs, mais aussi de certains chercheurs et scientifiques, qui ont tenté de le développer ou de le critiquer. Le concept de psychohistoire a donc eu une influence non négligeable sur la science-fiction et sur les sciences humaines. Il pose des questions fascinantes sur le déterminisme, le libre arbitre, le rôle des individus et des groupes dans l’histoire, et les limites de la rationalité et de la connaissance. Il invite le lecteur à réfléchir sur le passé, le présent et le futur de l’humanité, et sur les choix qui peuvent influencer son destin.

Un parallèle entre la psychohistoire et le big data

Le big data et la psychohistoire partagent l’idée que l’analyse des données massives peut permettre de comprendre et de prédire le comportement des sociétés humaines. Le big data désigne l’ensemble des technologies et des méthodes qui collectent, stockent, traitent et visualisent des données de grande taille, de grande variété et de grande vélocité. Il s’applique à de nombreux domaines, comme le marketing, la santé, la sécurité, l’éducation ou la politique. Il identifie des tendances, des corrélations, des modèles ou des anomalies dans les données, et en tire des informations utiles ou des prédictions.

Ces deux approches soulèvent des questions intéressantes sur les possibilités et les limites de la prédiction historique à partir des données. Peut-on vraiment prédire le futur avec une précision suffisante ? Quels sont les facteurs qui peuvent perturber ou invalider les prédictions ? Quelles sont les implications éthiques et morales de l’utilisation du big data ou de la psychohistoire pour manipuler les masses ou orienter l’histoire ? Ces questions sont abordées dans plusieurs articles et livres sur le sujet, comme Psychohistory: using Big Data to predict the Future ou Making Asimov’s Psychohistory a Reality: Using Big Data to Predict the Future.

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La Rédaction
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