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[CRITIQUE] Au Poste, c’est pour ça

Avec son sixième film – sept en réalité mais j’y reviendrais, on aurait presque pu croire que Quentin Dupieux allait délaisser son univers absurde pour embrasser les affres du grand public. Rassurez-vous, il n’en est rien. Si, effectivement, Au Poste est le film le plus accessible du réalisateur /compositeur – Mr Oizo, c’est lui – le bougre ne renie pas non plus ses origines et revient aux bases de ses questionnements cinématographiques.

En faisant appel à des comédiens bien connus de nos contrées – l’immense Benoît Poelvoorde et le non-moins talentueux, Grégoire Ludig, expatrié du Palmashow – le cinéaste estampille son film d’un cachet mainstream apte à attirer un public qui, dans d’autres circonstances, aurait été peu réceptif. Malgré ça, Dupieux n’oublie pas de convoquer des têtes plus singulières comme l’humoriste Marc Fraize ou la comédienne Anaïs Demoustier. Mais pour retourner aux sources du cinéma de Mr Oizo, c’est du coté des thématiques qu’il faut se tourner. On l’oublie souvent mais le premier film du réalisateur n’est pas Steak mais Non-Film. Une bobine singulière dans laquelle Dupieux s’amuse à déconstruire les barrières du support cinématographique et du 4eme mur. Déjà ré-entreprit dans Réalité, Au Poste est donc une énième variation autours de l’art du spectacle. Une variation plus timide et ouaté mais variation quand même.

L’histoire est presque banale : Soupçonné – à tord ? – Fugain (Grégoire Ludig) est obligé de passer la nuit au poste de police pour donner, lors d’une interminable déposition, sa version des faits dans une affaire de mort mystérieuse. Première personne à donner l’alerte après la découverte d’un corps sans vie, il se retrouve aux prises de Buron (Benoît Poelvoorde), flic soupçonneux et procédurier qui voit en Fugain un potentiel meurtrier.

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Sans une pointe de nostalgie, Au Poste convoque toute l’imagerie des polars français des années 80. Grosse moustache et chemise à fleur à la Tom Selleck. Pull à col roulé. Holster en cuir et veste en daim. On pourrait presque se croire dans les ripoux si l’histoire n’affichait pas une banalité aussi ostentatoire. S’il n’y a rien de foufou dans le parcours de Fugain, c’est paradoxalement dans cet état de fait que le film trouve son énergie. En lorgnant du coté de Bertrand Blier et en accumulant les effets de style – mise en abime et récits enchâssés les uns aux autres – Quentin Dupieux dépeint l’incroyable à travers le communs.

Porté par des comédiens tous plus formidables les uns que les autres – mention particulière pour Philippe Duquesne, Au Poste serait presque le pendant franchouillard d’un Tarantino tant Dupieux partage avec son homonyme américain la même science du dialogue et des personnages. Presque car les expérimentations formelles et les trouvailles stylistiques de Quentin Dupieux font de Au Poste un film à la singularité évidente. Une vraie force de proposition, tranchant radicalement avec les comédies française bien tiédasses que nous agitent frénétiquement nos chaines de téloches.

Poursuivant son petit bonhomme de chemin sans jamais se trahir, le cinéaste Oizo continue de bâtir un petit empire dans nos contrées – après son long passage au États-Unis, shame on us. Si vous ne connaissez pas encore son univers, Au Poste est la porte d’entrée idéale. C’est fin. C’est ciselé. Hilarant de bout en bout et ça ne renie jamais sa dimension de spectacle cinématographique – Les cadres et les décors sont soignés avec précision. En somme, c’est du cinéma qui se joue du cinéma, c’est pour ça.

Dois-je l’intégrer à ma vidéothèque ?

Disponible en Blu-Ray et DVD dès le 14 Novembre, Au Poste se voit complété d’un bonus indispensable si vous appréciez l’univers de Quentin Dupieux : Le commentaire audio du film.

Pas forcément à l’aise avec l’exercice, le cinéaste se prête tout de même volontiers au jeu et apporte à son film tout un tas d’anecdotes réjouissantes. Par exemple, on apprendra que tout a été fait en « dur » sur le plateau, Dupieux répugnant à utiliser les effets numériques. Par conséquent, la prothèse orbitale portée par Marc Fraize est bien réelle et le seul élément numérique du film est une discrète bué de fraicheur.

Le reste des bonus est à l’image du film :
– Une séance de répétition des comédiens sur le plateau.
– La lettre de motivation de Philippe / Marc Fraize.
– Et un bonus caché dont je ne révélerais pas la teneur.

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Quentin
Quentin
Vidéaste compulsif et cinéphile pointilleux. Croit fort aux pouvoirs évocateurs des mythes cinématographique. L’étude des monstres, des freaks, des extra-terrestres et des super-slips n'est plus un secret pour lui.

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