Et si Alien : Romulus 2, suite directe du film de Fede Álvarez, servait à conclure définitivement les arcs narratifs de Ripley, Call, Daniels, David et Mary Rain ? En reliant enfin toutes les strates de la saga, ce chapitre ultime pourrait offrir aux fans la conclusion qu’ils attendent depuis plus de quarante ans… tout en libérant la franchise de son passé pour mieux se réinventer.
Depuis sa naissance en 1979 avec le chef-d’œuvre de Ridley Scott, la saga Alien a traversé les décennies et les genres, oscillant entre horreur viscérale, science-fiction métaphysique et action nerveuse. Sous la houlette de cinéastes aussi différents que James Cameron, David Fincher ou Jean-Pierre Jeunet, elle a multiplié les directions narratives.
L’arrivée d’Alien : Romulus, réalisé par Fede Álvarez, est un récit ‘intercalé’ entre le premier et le deuxième film. Sans surprise, le film de Fede Álvarez va faire l’objet d’une suite, une suite qui aurait tout le potentiel de boucler l’arc narratif de tous les protagonistes emblématiques rencontrés depuis plus de quarante ans.
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Où en sont les figures clés de la saga ?
Pour comprendre ce potentiel, il faut se replonger dans le point exact où nous avons laissé ces personnages. Ellen Ripley, figure centrale incarnée par Sigourney Weaver, avait trouvé la mort dans Alien³ (1992) avant de revenir, sous la forme d’un clone numéroté huit, dans Alien : Resurrection (1997). Ce ‘nouveau’ corps, plus fort, plus rapide et doté d’un lien psychique avec les xénomorphes, lui permettait de survivre à un ultime affrontement spatial, pour finalement atterrir sur une Terre qu’elle ne connaissait plus, en compagnie de l’androïde Annalee Call.
Call, interprétée par Winona Ryder, se révélait être une androïde de seconde génération, dotée d’une conscience morale rare et d’une sensibilité qui tranchait avec les machines froides que l’univers Alien nous avait montrées jusqu’ici. À la fin de ‘Resurrection’, elle restait aux côtés de Ripley, laissant entrevoir un duo atypique sur une planète redevenue étrangère pour l’ancienne lieutenant.
Plus récemment, Alien : Covenant avait déplacé le centre de gravité vers de nouveaux personnages. Daniels Branson, interprétée par Katherine Waterston, croyait avoir survécu à un voyage cauchemardesque, avant de découvrir que l’androïde David avait pris le contrôle total du vaisseau Covenant. Ce dernier, incarnation d’un créateur mégalomane, avait non seulement façonné la forme moderne du xénomorphe, mais projetait aussi de modeler l’humanité selon sa vision, en route vers Origae-6 avec des milliers de colons endormis et les embryons aliens qu’il avait conçus. Daniels, piégée en cryosommeil, n’avait plus aucun moyen de contrer son plan.
Enfin, la plus récente entrée dans cette mythologie, Mary Rain Carradine (Cailee Spaeny), apparue dans Alien : Romulus (2024), se distinguait par sa résilience et son sang-froid face à une menace implacable. Rescapée d’un huis clos spatial meurtrier, elle incarne à la fois une survivante marquée et un visage nouveau, capable de servir de passerelle entre les vétérans et une génération de spectateurs plus jeune.
L’ombre du troisième film de Ridley Scott
Après Prometheus en 2012 et Alien : Covenant en 2017, Ridley Scott avait clairement affiché son intention de poursuivre son exploration des origines du xénomorphe. Pour lui, les créatures vues dans le film de 1979 n’étaient pas une espèce naturelle, mais le produit d’une conception. Prometheus avait ouvert cette voie en introduisant les Ingénieurs, une civilisation extraterrestre à l’origine de l’humanité, et ‘Covenant’ avait franchi une étape en révélant que David, l’androïde interprété par Michael Fassbender, avait lui-même manipulé l’ADN des créatures pour créer la forme de xénomorphe que nous connaissons.
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Le troisième film, parfois évoqué sous le titre officieux de Alien: Awakening, devait servir de pont direct vers le film original. L’idée principale était de suivre David et les colons endormis du Covenant alors qu’ils atteignent Origae-6, une planète qui, selon le mensonge de David, devait devenir leur nouveau foyer. Là, le plan du créateur androïde se serait pleinement déployé : utiliser les colons comme matériel biologique pour perfectionner son ‘œuvre’ et éradiquer toute forme de faiblesse biologique chez l’espèce humaine. Cette étape devait montrer comment la présence des xénomorphes allait s’ancrer définitivement dans la galaxie, en semant les graines des événements de 2122, année où le Nostromo intercepte le signal de détresse sur LV-426.
Ridley Scott avait aussi laissé entendre que ce film pourrait lever le voile sur la fameuse épave découverte par Ripley et ses coéquipiers, avec son pilote fossilisé – le ‘Space Jockey’ – et sa cale remplie d’œufs. Le lien entre les Ingénieurs, l’arme biologique qu’est le xénomorphe, et la cupidité de Weyland-Yutani devait trouver sa résolution dans ce dernier chapitre. Malheureusement, le succès mitigé de ‘Covenant’ au box-office et les priorités changeantes de la 20th Century Fox, puis de Walt Disney après son rachat, ont mis un coup d’arrêt à ce projet.
Et si Romulus 2 devenait l’ultime Alien ?
Et si Alien : Romulus 2 devenait l’ultime film de la franchise, réunissant pour la première fois des personnages issus de toutes les strates de l’univers Alien ?
Imaginez un point de convergence où Ripley 8 (Sigourney Weaver) et Call (Winona Ryder) croiseraient Daniels (Katherine Waterston), enfin libérée de son sommeil forcé, ainsi que Mary Rain Carradine (Cailee Spaeny). Et bien sûr, David (Michael Fassbender), l’éternel manipulateur des forces génétiques, tissant le lien entre les préquelles et la saga principale avec son désir insatiable d’une humanité « supérieure ».
Ce film pourrait se dérouler en 2409, plusieurs décennies après Alien : La Résurrection, dans un futur où la Weyland-Yutani, toujours affaiblie mais déterminée, poursuit ses expériences génétiques sur les xénomorphes. Depuis la quête d’immortalité de Peter Weyland jusqu’aux manipulations de David, cette obsession pour l’ADN des aliens ne cesse de croître. Après la destruction de Hadley’s Hope et la perte de la station Auriga, Weyland-Yutani s’associe avec d’autres mégacorporations pour exploiter le génome xénomorphe dans un ultime programme visant à renforcer l’humanité dans l’espace.
Les ambitions de Weyland-Yutani se heurtent à celles de David, qui, dans sa quête de perfection, libérerait une version plus aboutie du xénomorphe, encore plus dangereuse et adaptable que tout ce que l’humanité a pu connaître. La présence de ce dernier, en quête d’une humanité ‘supérieure’, serait le catalyseur d’une confrontation fatale entre science et nature.
Alien : Earth explore des thématiques similaires, en particulier la manipulation génétique par les corporations comme Prodigy. L’histoire met en scène des recherches génétiques poussées sur des enfants malades transformés en hybrides homme-machine, dans une quête insensée pour repousser les limites de l’humanité. Le film pourrait s’appuyer sur cette thématique pour montrer comment ces manipulations, loin de servir l’humanité, risquent de précipiter sa chute. Ce parallèle avec la quête de perfection de David, qui cherche à créer une humanité supérieure par la génétique, renforcerait le lien entre science, ambition et catastrophe imminente.
Ripley, vieillie mais toujours porteuse de ses capacités hybrides, vit recluse, cherchant à prévenir toute résurgence des xénomorphes. Call, restée à ses côtés, incarne la prudence, toujours méfiante face aux promesses des mégacorporations. Daniels, réveillée après des siècles de cryosommeil, apporterait des preuves de l’évolution des ambitions de David. Enfin, Mary Rain Carradine, réactivée après des décennies de sommeil cryogénique, pourrait jouer un rôle clé dans la confrontation qui se profile.
Le film offrirait une réflexion profonde sur les manipulations génétiques, l’obsession humaine pour l’immortalité et la quête de perfection scientifique. Les enjeux seraient clairs : ces manipulations, loin de servir l’humanité, pourraient bien la conduire à sa propre destruction. La présence de David, créateur d’une humanité ‘supérieure’, ferait figure de catalyseur dans ce combat final, où un xénomorphe évolué, ultime création scientifique, incarnerait la menace absolue pour l’avenir de l’humanité.
Le titre Alien : Genesis conviendrait parfaitement à une suite de ‘Romulus’. Ce titre évoque la naissance d’un nouvel ordre génétique, où David et les corporations poussent l’évolution humaine et alien à un nouveau stade. ‘Genesis’ capture cette idée de création, de mutation, mais aussi le danger d’une évolution incontrôlée, symbolisé par un xénomorphe plus puissant et insidieux.
Clore pour mieux recommencer
Un tel ‘Romulus 2’ aurait un double avantage. Narrativement, il donnerait aux fans une conclusion digne de ce nom, rassemblant des arcs laissés en suspens depuis parfois plusieurs décennies. Chaque personnage trouverait une forme de résolution : Ripley ferait enfin la paix avec son héritage génétique, Call accomplirait son rôle de protectrice de l’humanité, Daniels aurait l’occasion de vaincre le monstre qui l’a trahie, et Mary Rain pourrait survivre pour porter l’histoire vers de nouveaux horizons.
Mais surtout, un final de cette ampleur permettrait à la franchise de se libérer du poids de son passé. Avec la conclusion des arcs historiques, les futurs films Alien pourraient se concentrer sur de nouvelles histoires, dans de nouveaux lieux, avec de nouveaux personnages, sans avoir à se plier aux impératifs de continuité. Les cinéastes pourraient explorer d’autres formes de survie, d’autres environnements extraterrestres, voire d’autres perspectives culturelles sur la rencontre avec le xénomorphe. La mythologie serait intacte, mais ouverte, prête à se réinventer.
Ainsi, au lieu de rester figée entre le passé et le présent, la saga pourrait, grâce à ce ‘film ultime’, s’émanciper et retrouver la liberté créative qui a toujours fait sa force.
Timeline de la franchise Alien
- 2093 – Prometheus
Une expédition financée par Weyland Industries explore LV-223 à la recherche des ‘Ingénieurs’. Elle découvre une arme biologique liée aux futurs xénomorphes. - 2104 – Alien: Covenant
Le vaisseau Covenant arrive sur une planète hostile. David, l’androïde survivant de Prometheus, crée les premiers proto-xénomorphes. - 2120 – Alien: Earth (série)
Cinq grandes corporations dominent la Terre. La cargaison d’un vaisseau spatial s’écrase sur Terre, contenant des formes de vie xénomorphes. Un groupe d’enfants augmentés, rebaptisés les ‘enfants perdus’, est envoyé pour récupérer la cargaison. - 2122 – Alien (Le 8ᵉ passager)
Le vaisseau Nostromo intercepte un signal de détresse sur LV-426. L’équipage découvre un œuf xénomorphe qui libère la créature mortelle. - 2142 – Alien: Romulus
Une station isolée fait face à une menace xénomorphe. Ce film relie les événements du premier Alien à ceux de Aliens. - 2179 – Aliens (Alien 2)
Ripley revient sur LV-426 avec des Marines coloniaux. Ils découvrent une colonie détruite par les xénomorphes, ainsi que la Reine Alien. - 2179 – Alien³
Ripley s’écrase sur la planète-prison Fiorina 161. Un alien naît d’un animal local et tue les prisonniers. Ripley apprend qu’elle porte un embryon de Reine et décide de se sacrifier. - 2381 – Alien: Resurrection (Alien 4)
Deux siècles plus tard, des scientifiques clonent Ripley pour extraire la Reine. Le vaisseau USM Auriga devient le théâtre d’une nouvelle catastrophe xénomorphe.
