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Netflix hérite des trésors de Warner Bros : quelles licences passent sous son contrôle et pourquoi Hollywood tremble

Netflix récupère les licences majeures de Warner Bros et déclenche une vague d’inquiétudes inédite à Hollywood.

Netflix hérite des trésors de Warner Bros

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Le rachat historique de Warner Bros. Discovery par Netflix, officialisé aujourd’hui même, clôt une séquence de tensions, de fuites, d’enchères et d’accusations qui ont mis Hollywood sous pression pendant des mois. Dans notre article précédent, nous revenions sur ce séisme industriel, les craintes pour l’avenir de DC, HBO, des salles de cinéma et la méfiance exprimée par des cinéastes comme James Cameron. Désormais, l’attention se tourne vers ce que Netflix vient réellement d’acquérir : l’un des plus grands ensembles d’IP et de catalogues de l’histoire du divertissement.

Ce rachat s’inscrit dans une tendance lourde. Depuis quelques années, les studios historiques tombent les uns après les autres dans les mains des géants technologiques : Disney absorbe la Fox en 2019 pour 71,3 milliards de dollars, Amazon avale la MGM en 2022 pour 8,45 milliards. Aujourd’hui, c’est l’un des derniers bastions du système hollywoodien classique qui bascule à son tour, mais cette fois dans le camp du roi du streaming.

Une levée de boucliers sans précédent

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L’annonce a immédiatement déclenché un front de contestation massif. La Writers Guild of America a publié un communiqué d’une rare violence (via Variety), affirmant que cette fusion devait être purement et simplement bloquée. Selon elle, ‘Le fait que la plus grande société de streaming au monde absorbe l’un de ses plus grands concurrents est exactement ce que les lois antitrust étaient conçues pour empêcher.‘. La WGA avertit que ce rapprochement éliminerait des emplois, tirerait les salaires vers le bas, dégraderait les conditions de travail et réduirait la diversité des contenus accessibles au public.

La guilde rappelle son opposition constante aux fusions : Comcast–NBCU en 2011, AT&T–Time Warner en 2016, Disney–Fox en 2017, Amazon–MGM en 2021, Warner–Discovery en 2022. Elle évoque un danger systémique : un marché verrouillé par quelques plateformes devenues les ‘nouveaux gatekeepers’.

La Producers Guild of America exprime une inquiétude similaire, soulignant que Warner Bros n’est pas seulement un catalogue mais un pan entier de l’histoire culturelle américaine. Elle appelle les autorités à protéger la création, la distribution en salles et la liberté artistique dans un moment de mutation économique et technologique.

La DGA, quant à elle, parle de ‘préoccupations significatives‘ et annonce vouloir rencontrer Netflix pour comprendre sa vision. Pour les réalisateurs, la question centrale est la préservation d’un marché réellement compétitif.

Enfin, Cinema United – l’ex-NATO – alerte sur une menace ‘sans précédent‘ pour les salles de cinéma. Son président Michael O’Leary rappelle que la stratégie de Netflix ne soutient pas l’exploitation en salle et que l’impact serait massif, du multiplexe urbain aux cinémas indépendants de petites villes. Même si Netflix jure vouloir maintenir les sorties cinéma de Warner, l’industrie retient surtout les propos de Ted Sarandos, promettant des ‘fenêtres plus consumer friendly‘, autrement dit plus courtes.

Un empire culturel réuni entre les mains d’un seul acteur

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Christian Bale est Bruce Wayne / Batman dans The Dark Knight Rises (2012) de Christopher Nolan.

Derrière ces réactions se trouve l’enjeu principal : l’ampleur vertigineuse des licences désormais contrôlées par Netflix. Le géant récupère des piliers de la pop culture mondiale, des franchises capables de remplir des salles, d’alimenter des plateformes pendant des décennies et de structurer tout un marché.

Cela inclut des monuments comme Harry Potter, Friends, The Sopranos, Game of Thrones, The Big Bang Theory, Casablanca, Citizen Kane, The Wizard of Oz, The Matrix, Mad Max, The Conjuring, Beetlejuice, The Goonies, Gremlins, Sex and the City, Very Bad Trip ou encore la saga Ocean’s Eleven. Viennent s’ajouter l’intégralité du label HBO, une référence absolue de la fiction premium, ainsi que tout Cartoon Network : Rick & Morty, Adventure Time, The Powerpuff Girls, Johnny Bravo, The Flintstones, Tom & Jerry, Courage the Cowardly Dog, Smiling Friends.

Côté cinéma, Netflix met la main sur les droits d’exploitation de franchises stratégiques telles que Le Seigneur des Anneaux (droits films), le MonsterVerse ou encore Dune 3 (distribution). Et du côté du jeu vidéo, la prise est immense : Warner Bros Games, NetherRealm, Rocksteady, TT Games, l’ensemble des LEGO Games, mais aussi les droits du film Minecraft.

Jamais dans l’histoire moderne, une plateforme de streaming n’avait absorbé autant de propriétés intellectuelles aussi structurantes d’un seul coup.

DC, HBO, jeux vidéo : un avenir sous haute tension

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Même avec des promesses publiques de continuité, les inquiétudes demeurent. DC Studios reste une zone d’ombre majeure. Les budgets sont incertains, l’orientation des futures productions pourrait suivre la logique Netflix : priorité au streaming, réduction des risques financiers, calibrage algorithmique.

Les créateurs de HBO, eux, craignent une dilution de l’identité qui a fait la grandeur de la chaîne depuis 50 ans. Comment intégrer l’ADN de The Sopranos ou Game of Thrones dans un écosystème où la standardisation prime souvent sur l’expérimentation ?

Côté jeux vidéo, des studios aussi influents que Rocksteady ou NetherRealm pourraient connaître restructurations, gel ou réorientation. Les futures itérations de Mortal Kombat, Batman ou encore LEGO dépendront des arbitrages du nouveau propriétaire, encore novice dans cette industrie.

Un verrouillage du marché qui effraie toute l’industrie

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Avec ce rachat, Netflix devient l’acteur unique contrôlant le plus grand volume de licences premium au monde. À côté, Disney et Amazon sont désormais les deux seuls véritables contrepoids, renforçant la crainte d’un oligopole où trois entreprises décideront de ce que le monde regarde, joue et consomme.

C’est cette perspective qui fait trembler Hollywood. Ce n’est plus seulement l’avenir de Warner qui se joue, mais l’équilibre même de la création, de la distribution, du marché du travail et de la diversité culturelle. Netflix promet de préserver les salles, d’honorer l’héritage de Warner et de soutenir les créateurs. Mais pour toute une industrie déjà fragilisée par la crise du streaming, les grèves, la baisse des revenus et l’inflation des coûts, ces promesses sont loin de dissiper l’angoisse.

Car dans cette fusion, Netflix n’acquiert pas seulement un studio : il hérite d’un siècle de mythes, de franchises, d’histoires et de symboles. Et c’est précisément ce transfert-là, d’une ampleur jamais vue, qui fait aujourd’hui trembler Hollywood.

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La Rédaction
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