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Terminator 2, interview avec l’équipe en charge du doublage Corse

Pratiquement 30 ans après la sortie dans les salles de Terminator 2 : Le Jugement Dernier, le film qui a défini le cinéma blockbuster des années 90 s’apprête à revenir dans les salles dans une version Corse inédite.

Alors que le film s’apprête à fêter son trentième anniversaire, l’association Fiura Mossa travaille actuellement sur le doublage Corse du film culte de James Cameron. Afin d’en savoir plus sur la version Corse du film attendue pour la fin de l’année dans les salles de cinéma Corses et plus tard en DVD / Blu-Ray, j’ai souhaité m’entretenir avec Jean-Yves Casalta, en charge de la direction artistique du doublage Corse de Terminator 2, et Andria Dominici, la voix Corse d’Arnold Schwarzenegger.

Une interview passionnante avec laquelle vous allez découvrir les coulisses du doublage et comment l’équipe en charge du doublage a adapté les dialogues dans la langue Corse. Enfin, nous avons droit à un petit extrait exclusif de la réplique phare d’Arnold Schwarzenegger par Andria Dominici. Aghju da vultà !

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Terminator 2 : L’Ultima Sintenza

Interview avec Jean-Yves Casalta vice-président de l’association Fiura Mossa, en charge de la direction artistique du doublage Corse de Terminator 2, et Andria Dominici, la voix Corse d’Arnold Schwarzenegger

Bonjour Jean-Yves, André, tout d’abord merci à vous deux de m’avoir accordé cet entretien. Avant de débuter, pouvez-vous vous présenter :

Jean-Yves : Je suis enseignant en langue et culture corses de profession et de manière associative chanteur et musicien au sein du groupe Diana di l’Alba depuis 1993. Je suis aussi cofondateur de l’association Fiura Mossa avec Sylvain Giannecchini qui en est le Président. J’interviens également dans d’autres associations culturelles mais il serait peut-être fastidieux de tout expliquer dans cette interview (rires).

André : Pour ma part, sur scène en tant que chanteur depuis le début des années 90 et professionnel, toujours du chant depuis plus de vingt ans au sein de l’ensemble Barbara Furtuna. Et comme disait Jean Yves, je suis également acteur culturel dans de nombreux projets associatifs qu’il me serait également fastidieux d’expliquer… (rires).

Peux-tu nous présenter l’association Fiura Mossa ?

Jean-Yves : Fiura Mossa a été créée en 2010. Elle vise à promouvoir la langue corse auprès des jeunes par le biais de supports audiovisuels. En animation, avons doublé des séries télévisées (Yakari, Léonard), des courts-métrages (Le Gruffalo, le Petit Gruffalo, la Sorcière dans les Airs, l’Histoire de Noël) et un long métrage (Le Chant de la Mer).

Pour nos 10 ans nous avons voulu marquer le coup avec le doublage d’un film live et en l’occurrence d’un classique du cinéma. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à travailler sur Terminator 2. Cependant nous n’oublierons pas les plus jeunes non plus cette année puisque nous allons adapter également deux moyens-métrages : Monsieur Bout de Bois et Un conte peux en cacher un autre.

Faire connaitre la langue Corse à travers des œuvres culturelles c’est quelque chose qui vous tient à cœur ?

Jean-Yves : Complètement. L’idée dans notre démarche est de valoriser l’image que les jeunes peuvent avoir de leur langue. Depuis une quarantaine d’années, c’est essentiellement le chant qui a porté de nombreux jeunes à parler corse. Nous espérons à travers l’audiovisuel en langue corse amplifier cette démarche. C’est pourquoi nous travaillons d’abord avec les scolaires. Notre but est avant tout pédagogique.

André : Pour ce qui me concerne, c’est un engagement qui fut pris dès l’adolescence et qui continue encore aujourd’hui à 51 ans. Alors oui, la transmission, la valorisation sont des moteurs indispensables pour la langue corse, avec aujourd’hui ce magnifique outil qu’est l’association Fiura Mossa, espace de création et de diffusion, surtout auprès des plus jeunes.

Une décennie après la création de l’Association, quel a été le travail de doublage le plus marquant pour l’équipe ?

Jean-Yves : Je pense que c’est sans doute le premier projet, à savoir la série Yakari. Nous avons pu rencontrer à cette occasion à Paris le réalisateur Xavier Giacometti qui était ravi de voir son travail adapter en corse, il faut préciser qu’il est corse également mais nous ne nous connaissions absolument pas.

Xavier nous a fait alors visiter les studios d’Ellipse Anime où était entre autre réalisée la série et le studio Audiophase où elle avait été doublée. Par la suite il a fait le déplacement en Corse lors des premières sessions d’enregistrement. C’est quelqu’un avec qui nous sommes restés très amis et qui vient d’adapter la série en film : Yakari la Grande Aventure. Ce sera sans doute un futur projet pour Fiura Mossa (rires).

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Fiura Mossa double Terminator 2 : Le comédien Philippe Ambrosini (chemise blanche) la voix Corse du Docteur Silberman, Sylvain Giannecchini, Jean-Yves Casalta vice-président de l’association Fiura Mossa (t-shirt vert) et assis Petru Alfonsi et l’ingénieur son Christophe Mac Daniel (avec la casquette). Crédit Photo : Fiura Mossa.

Nous échangeons aujourd’hui pour parler de ce qui est sans doute l’un des projets majeurs de l’Association Fiura Mossa, le doublage de Terminator 2 : Le Jugement Dernier.

Jean-Yves : Tout à fait.

Pour le premier film live doublé par l’Association, vous avez choisi l’un des films culte de James Cameron qui a défini le cinéma blockbuster des années 90. Pourquoi un tel choix ?

Jean-Yves : À titre personnel, Terminator 2 est sans doute le seul film que je me rappelle avoir vu lors de sa sortie lorsque j’étais lycéen. Il y avait un tel engouement chez les jeunes autour de ce film, c’était quelque chose d’extraordinaire et cela était dû en grande partie aux effets spéciaux, révolutionnaires pour l’époque, mais aussi à la qualité du scénario. C’était une des premières fois qu’une suite était aussi bien voir mieux que le film original car elle y apportait plus de profondeur.

Je me souviens aussi du flipper ‘Terminator 2‘ dans un bar à Bastia sur lequel on a passé pas mal de temps à jouer ou encore des trailers radiophoniques qui étaient diffusé sur NRJ. C’est un film qui a incroyablement bien vieillit excepté un ou deux plans, les effets spéciaux lorsque le Terminator arrive en 1995. Quant au choix de ce film pour une adaptation en corse et bien il nous fallait un film connu de tous qui soit une référence dans la Pop Culture afin de créer un électrochoc psychologique qui fasse la démonstration que le corse, comme toutes les langues, peut parler de tout au-delà de son aire traditionnelle. Terminator 2 avait toutes les qualités requises pour cela.

Peux-tu nous expliquer comment obtient-on l’autorisation de doubler un film ? Quel a été le processus pour Terminator 2 ?

Jean-Yves : Pour obtenir une autorisation il faut contacter la société de production qui possède les droits et lui expliquer le sens pédagogique de notre démarche et sa finalité. Si tout est ok on discute alors du montant des droits et de leur durée. En l’occurrence les demandes de ce type concernant des langues régionales sont rarissimes ou inédites, et ils doivent parfois nous voir comme des extra-terrestres (rires).

Pour en revenir à Terminator 2 nous avons fait une demande conjointe avec nos amis bretons et occitans des associations Dizale et Conta’m auprès de StudioCanal afin de pouvoir leur faire une proposition financière plus avantageuse. Ils nous ont prêté une oreille attentive et ont fait remonter la demande aux Etats-Unis où notre projet a été accepté.

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Terminator 2 : L’Ultima Sintenza – Un Filmu di James Cameron.

Pour les dialogues, quelle version du film est utilisée pour la traduction ? Est-ce la version originale ou la version Française ?

Jean-Yves : La version originale bien évidemment. Le script que m’a envoyé StudioCanal était en anglais. Cependant je me suis également intéressé à la version française voir parfois italienne ou espagnole pour voir comment certaines tirades ont pu être adaptées dans ces langues latines plus proches du corse que l’anglais.

Pour le titre du film j’ai privilégié la version française ‘Le Jugement Dernier‘ à ‘Judgment Day‘ car il s’agit moins d’une traduction que d’une adaptation. Il faut que cela ‘sonne’ également dans la langue cible. Ici par exemple ‘L’Ultima Sintenza‘ sonne mieux que ‘U Ghjornu di a Sintenza‘ tout comme j’imagine l’adaptateur en langue française a dû considérer que ‘Le Jugement Dernier‘ était plus opportun qu’une traduction littérale qui aurait donné ‘Le Jour du Jugement‘. Ce n’a pas été le cas par ailleurs en italien qui ont opté pour une traduction plus fidèle ‘Il Giorno delGiudizio‘.

Le processus de traduction a demandé combien d’heures de travail ?

Jean-Yves : Environ deux mois et demi de travail. Il ne s’agit pas seulement d’une traduction mais bien d’une adaptation. Le texte cible doit respecter le sens du texte source mais il doit également être synchrone avec l’image, et respecter le rythme des comédiens dans leur expression et le mouvement labial. Tous ces mouvements labiaux sont justement recensés dans la phase qui précède l’adaptation et qui s’appelle la détection.

Est-ce que le vocabulaire Corse est assez riche pour respecter l’intégralité des dialogues du film ?

Jean-Yves : Il n’y a pas eu à proprement parler de grosses difficultés au niveau lexical. On retrouve en filigrane dans ta question l’idée qu’une langue d’essence rurale ne serait pas apte à parler des choses du monde moderne dans toute sa complexité. S’il est vrai que le lexique contemporain ne trouve pas toujours sa traduction dans le lexique que nous ont léguée nos anciens, il n’en demeure pas moins vrai que le corse est une langue vivante et que par définition une langue vivante s’adapte et évolue.

En ce qui nous concerne, extraire la langue de son contexte naturel par le biais d’un film de science-fiction est justement un extraordinaire moyen pour l’enrichir, diffuser et populariser les innovations linguistiques. Dans Terminator 2 par exemple ‘la Thorazine‘ devient ‘a Turazina‘ ou ‘le poly-alliage mimétique‘ (Mimetic Polyalloy en V.O.) devient ‘U pulimischju mimeticu‘.

En revanche lorsque la longueur d’une phrase est inégale d’une langue à l’autre ou lorsque le synchronisme labial est impossible si l’on s’en tient à une traduction fidèle alors oui il arrive parfois que l’on soit obligé de remanier un peu le sens de la version originale.

Peux-tu nous donner un exemple de dialogue remanié ?

Jean-Yves : Et bien au début du film, dans la scène où John Connor vole de l’argent au distributeur automatique il s’exclame ‘Easy money !‘ (‘Argent facile‘ en VF) ce qui aurait donné en corse quelque chose comme ‘solli scuccagnati‘ ou ‘solli senza strazii‘. Pour être synchrone avec l’image j’ai privilégié ‘Eccu a muneta !‘ que l’on pourrait traduire en français ‘Par ici la monnaie‘. Le sens est légèrement différent mais on conserve une durée de phrase à peu près égale ainsi que la voyelle ‘E‘ en début de phrase et le mot ‘muneta‘ qui a la même racine que ‘money‘.

J’imagine qu’il y a eu un casting pour les comédiens de doublage. Quels ont été les critères de sélection ?

Jean-Yves : Oui nous avons fait deux castings, les critères fondamentaux sont au nombre de trois : Il faut avoir une bonne maîtrise du corse, il faut bien évidemment être comédien ou avoir des aptitudes à jouer la comédie et enfin il faut que le timbre de voix corresponde à la voix du comédien que l’on doit doubler.

Andria est le seul a ne pas avoir été pris sur casting. Nous avions déjà travaillé ensemble sur un épisode de la série animée ‘Yakari‘ il y a quelques années de cela et il suffit de l’entendre parler pour comprendre qu’il ne pouvait y avoir de meilleur choix que lui pour devenir la voix corse ‘officielle’ d’Arnold Schwarzenegger (rires).

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Andria Dominici, la voix Corse d’Arnold Schwarzenegger.

André, tu as l’honneur, mais aussi la lourde tâche de prêter ta voix à l’un des personnages les plus emblématiques de la Pop Culture. Dans quel état d’esprit te trouves-tu ?

André : Tout d’abord honoré d’avoir été choisi par l’équipe de Fiura Mossa, car ce n’est pas tous les jours que l’on peut se targuer d’être la voix corse d’Arnold Schwarzenegger et du Terminator de surcroît. (rires)

Fier également d’être associé à ce grand film, référence de la science-fiction et véritable icône de la Pop Culture. De plus culture et populaire sont des mots que nous aimons conjuguer en Corse, tout cela agrémenté d’une BO de film sublimée par les Guns and Roses à leurs apogée à ce moment-là. Que dire de plus… Culte !

Et surtout très heureux, car nous venons de terminer il y a seulement quelques jours, le doublage complet de la voix du Terminator et à l’écoute du résultat, ça va être … Terrible !! (rires).

Parle-nous de ton parcours :

André : En fait, j’ai très peu de doublage à mon actif. Il y a quelques années, j’ai prêté ma voix pour un épisode de Yakari, toujours en langue corse et toujours sous la houlette de Jean Yves et de Sylvain. Mais bon les choses vont sûrement changer et s’accélérer après tout ça… (rires).

Parmi toute ta voxographie, quel(s) personnage(s) as-tu le plus apprécié jouer ?

André : Le tout dernier bien sûr, (rires) !!

Pour revenir à Terminator 2, je voulais savoir comment adaptes-tu ton jeu ? Est-ce que tu te calques sur le jeu d’Arnold Schwarzenegger ou sur l’interprétation vocale de Daniel Beretta pour la version Française ?

André : j’avoue que la difficulté première était justement de jouer une machine froide émotionnellement, impitoyable, qu’il a fallu doter de sentiments.

En premier lieu, je me suis penché sur le jeu vocal de chacun, tout d’abord avec l’original en anglais et les doublages français, italien et même espagnol, afin de déceler la meilleure façon de poser ma voix, mon timbre et ma propre tonalité. Nous avons également dosé le phrasé en ajoutant un supplément d’âme, pour éviter le rendu d’une voix trop synthétique et ainsi ne pas lasser l’auditeur. De plus c’est exactement ce que nous démontre ce Terminator-là, un Terminator tendant vers une forme d’humanité.

Ensuite il était clair dès le départ, que nous ne voulions pas imiter une quelconque version, d’ailleurs nous n’avons quasiment jamais écouté d’autres scènes doublées, hormis quelquefois l’originale pendant nos séances d’enregistrements quand nous avions un doute sur le jeu à développer. Je dirais que oui, le jeu d’acteur d’Arnold Schwarzenegger a essentiellement dicté mon interprétation.

J’ai envie de dire que doubler Terminator 2 en 2020 est un exercice périlleux. Nous avons un film qui a été doublé en plusieurs langues il y a presque 30 ans. Chacune des versions bénéficient d’un doublage de qualité, notamment la version Française qui est culte. Il doit y avoir une pression énorme en studio ? (rires).

Jean-Yves : C’est effectivement un peu stressant mais c’est aussi très motivant. Nous nous sommes toujours dit, depuis le début de nos doublage, que le résultat final devait être au moins aussi bon que les versions françaises ou anglaises. C’est le moindre des respects que nous devons aux œuvres cinématographiques ou télévisuelles mais également à l’image de notre langue qui s’en trouve valorisé lorsque la qualité est là.Sur Terminator 2, en raison de la dimension culte du film, il y a effectivement beaucoup d’attente à ce sujet. Après les premières sessions d’enregistrement je peux d’ores et déjà affirmer que la qualité sera au rendez-vous.

André : De la pression il en faut quelquefois, je pense. (rires)

En tout cas elle est nécessaire pour être conscient de l’enjeu, tirer vers la qualité et ainsi servir au mieux l’œuvre cinématographique et linguistique. Terminator 2 fait partie de l’histoire du cinéma à tout jamais. Aujourd’hui encore, il continue à fasciner. À nous maintenant d’écrire de nouvelles pages, des pages en langue corse, cette fois ci.

Tu parlais de la version française, j’ai une petite anecdote à ce sujet… Je viens d’apprendre que Daniel Beretta, la voix française d’Arnold Schwarzenegger, réside les trois quarts de l’année sur Ajaccio, Aiacciu dans le texte… et oui, en corse tout fini par se savoir… (rires) Qu’il se rassure, nous ne lui proposerons pas un remake du film Highlander et sa fameuse tirade : ‘il ne doit rester qu’un …’ (rires ). Plus sérieusement nous avons envisagé sa présence aux projections prévues, courant décembre 2020 sur l’île. En tout cas l’invitation est lancée !

Est-ce un avantage ou un inconvénient de connaitre les dialogues du film par cœur depuis des années ? Selon-moi c’est un peu des deux, un avantage car il y a déjà une partie du travail d’appropriation qui a été fait, mais aussi un inconvénient, car il y a risque de singer les répliques cultes.

Jean-Yves : Je pense que c’est plutôt un avantage car ces répliques cultes de la Pop Culture font partie d’un fond commun. Au final de ‘I’ll be back‘ à ‘Je reviendrai‘ en passant par ‘Aghju da vultà‘ c’est toujours la même résonnance que ces phrases génèrent en nous à l’écran et c’est également dû en grande partie au charisme d’Arnold Scharzenegger ne l’oublions pas.

André : L’avantage de connaître par cœur certaines scènes est certain. Si toutefois il y un respect total de l’œuvre cinématographique. Pour ma part il était clair et dès les premiers enregistrements de servir au mieux le film, ainsi que le jeu d’acteur d’Arnold Schwarzenegger. Nous voulions un doublage le plus juste possible dans l’interprétation et éviter la parodie, ni trop près ni trop loin de l’original, tout en affirmant notre propre identité. Je pense que nous avons réussi.

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Fiura Mossa double Terminator 2 : Le comédien Philippe Ambrosini (chemise blanche) la voix Corse du Docteur Silberman, Sylvain Giannecchini, Jean-Yves Casalta vice-président de l’association Fiura Mossa (t-shirt vert) et assis Petru Alfonsi et l’ingénieur son Christophe Mac Daniel (avec la casquette). Crédit Photo : Fiura Mossa.

Dis-nous en plus sur les acteurs qui prêtent leur voix aux autres personnages principaux :

Jean-Yves : Sarah Connor est doublée par Laetitia Damiani qui a fait travail monumental. C’est de loin le personnage le plus difficile à jouer dans le film. C’est une comédienne amatrice qui a joué dans de nombreuses pièces de théâtre et c’est sa première expérience en post synchronisation.

Pour John Connor je te confirais que le choix a été plus difficile pour moi puisqu’il s’agit de mon fils, Andria Casalta. Suite au casting il a été retenu – de la manière la plus objective qui soit, je tiens à le préciser – avec un autre enfant Clemente Geronimi. Tous deux ont une bonne maîtrise du corse et une expérience en doublage. Une session avait été prévue pour les départager mais le confinement est arrivé et c’est finalement lui qui a imposé Andria. Les quelques deux mois et demi enfermés à la maison ont été mis à profit pour travailler le rôle, quant à Clemente il prête sa voix à Tim, l’ami de John.

Miles Dyson est incarné par Eric Barre qui est à la fois chanteur dans le groupe polyphonique Tavagna et également comédien. Le Docteur Silberman est joué par Philippe Ambrosini qui est le seul comédien professionnel de la troupe. Malgré une longue et riche carrière au cinéma c’est sa première expérience de doublage en langue corse et nous avons été ravis de pouvoir travailler avec lui.

Le T1000 est doublé par Régis Martini avec qui nous avions déjà collaboré sur deux projets de film d’animation. Janelle Voight est doublé par Marine Raffaelli qui est une des grandes révélations du casting puisque n’ayant aucune expérience théâtrale elle nous a gratifiés d’une prestation sublime avec également une maîtrise du corse parfaite. Enfin Todd Voight est joué par Jean-Philippe Salge qui est un acteur culturel depuis de nombreuses années au sein du groupe l’Arcusgi.

De façon plus globale, c’est en tout 52 personnes qui participent au projet et je profite de ton interview afin de les remercier pour leur implication et leur sérieux.

A cette heure, où en est le processus des enregistrements des voix ?

Jean-Yves : À l’exception de Sarah et John Connor, tous les autres rôles principaux ont terminé leurs enregistrements. Sur la première moitié du film les rôles secondaires et les figurants ont quasiment tous été enregistrés. On peut donc considérer qu’on en est à un peu plus de la moitié du film. Quand tout aura été enregistré, on procèdera à un visionnage afin d’évaluer la nécessité de reprendre telle ou telle tirade.

André : Pour ma part et comme je disais précédemment, la voix du Terminator est posée. Nous attendons avec impatience les premiers visionnages et aviserons sur d’éventuelles retouches. À suivre donc !

Si vous deviez choisir une réplique culte du film, laquelle serait-ce ?

Jean-Yves : Et bien je dirais : ‘Dammi i to panni, e to botte è a to mottocicletta‘. (‘Je veux tes vêtements, tes bottes et ta moto‘) dans la scène d’ouverture avec le biker ainsi que la réponse de ce dernier : ‘Ti sìscurdatu di dì per piacè !‘ (‘Tu as oublié de dire ‘S’il te plaît’‘).

André : Je choisirais la réplique : ‘i to tutori sò morti’. (Traduction littérale : ‘Tes tuteurs sont morts‘ ; Réplique en VF : ‘Tes parents adoptifs sont morts‘) réponse glaciale du Terminator, quand celui-ci comprend et informe John Connor, que ses tuteurs sont condamnés. Scène culte !

Andria, pour notre plus grand plaisir, peux-tu nous faire un ‘Aghju da vultà’ (I’ll be back / Je reviendrai) ?

Andria :

La version Corse de Terminator 2 sera-t-elle éditée en DVD / Blu-Ray ? Est-ce que la piste Corse sera disponible sur les futures éditions du film en France ?

Jean-Yves : Le film sera diffusé au cinéma dans un premier temps avec des séances tout public et d’autres que nous organiserons pour les scolaires (collèges et lycées). Puis la version corse sera éditée dans un combo DVD/Blu-Ray qui sera tiré à 1000 exemplaires.

Un collector de plus en vue pour les fans du film qu’il sera possible de se procurer dans les commerces en Corse ou sur notre site www.fiuramossa.com et sur la boutique de notre page FaceBook.

Si l’occasion se présentait, aimeriez-vous doubler en Corse les autres films de la franchise ?

Jean-Yves : Bien évidemment et ce serait en toute logique le premier Terminator !

André : Le tout premier opus bien sûr et peut-être le troisième ‘Le Soulèvement des Machines’ une trilogie en coffret collector en perspective, qui sait ?

Hormis Terminator, y-a-t-il un autre film culte que l’Association souhaiterait doubler ?

Jean-Yves : Un tas d’autres mais il serait assez compliqué de les citer tous.

La prochaine étape pourrait être le doublage d’un jeu video AAA ?

Jean-Yves : Pourquoi pas ? La langue corse doit être présente partout et d’abord sur les supports plébiscités par les jeunes. Pour marcher il faut avoir un pied en arrière, vers nos racines et la culture que nous ont léguées nos anciens, et un autre en avant vers le monde moderne.

André : Oui, ce serait la suite logique, les outils sont là, les volontés (politiques et associatives), les compétences, l’envie de transmettre, l’envie d’apprendre. Une langue pour vivre et avancer a besoin impérativement d’être en résonance avec son histoire, son présent pour ainsi entrevoir l’avenir. Mais pas seulement. Je pense qu’il faut également dépassionner certains débats linguistiques, éviter les dogmes, rendre la langue ludique, moderne, sexy quoi !!N’oublions pas que c’est une demoiselle… (rires).

Nous sommes arrivés à la fin, encore merci Jean-Yves, Andria d’avoir accepté de me parler de votre Association et du doublage de Terminator 2, à bientôt.

Jean-Yves : Merci à toi et à très bientôt. Hasta la vista baby !

André : Ce fut un plaisir, merci à toi. ‘À prestu !‘ ‘à bientôt !‘ (Evidemment avec la voix du T 800 modèle 1,0,1. de CyberdyneSystems Corporation).

Propos recueillis par Thomas O. pour Eklecty-City.fr, qui remercie Jean-Yves Casalta vice-président de l’association Fiura Mossa, en charge de la direction artistique du doublage Corse de Terminator 2, et Andria Dominici, la voix Corse d’Arnold Schwarzenegger, pour s’être prêtés au jeu de cette interview.

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Thomas
Thomas
Rédacteur en chef et chroniqueur anti-protocolaire. Enfant des années 80's / 90’s biberonné à la Pop Culture.

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