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Interview avec Emmanuel Curtil, la voix française de Jim Carrey

A l’occasion du Play Azur Festival 2023, nous avons interviewé Emmanuel Curtil, la voix française du comédien américain Jim Carrey.

Le Play Azur Festival est un événement dédié à la culture geek et pop qui se tient chaque année à Nice. Pour l’édition 2023, le Palais des Expositions de Nice a accueilli la sixième édition de ce festival. Parmi les nombreuses animations et les invités prestigieux, nous avons eu le plaisir d’interviewer le comédien Emmanuel Curtil, connu pour être la voix française de Jim Carrey, Dingo ou encore Dimitri dans Anastasia.

Emmanuel Curtil est un acteur français, né en 1971 à Charenton-le-Pont. Il a commencé sa carrière à l’âge de 10 ans, en jouant dans des films et des téléfilms, notamment Les Misérables (1982) de Robert Hossein. Il s’est ensuite spécialisé dans le doublage et la voix off, et est devenu la voix française de nombreux acteurs et personnages célèbres, comme Jim Carrey, Dingo, Simba ou Kronk. Il est aussi la voix du héros de la série de jeux vidéo Les Chevaliers de Baphomet.

Rencontre avec Emmanuel Curtil, un grand nom du doublage et de la pop culture, où il évoque son parcours, son métier et de sa passion pour le doublage et le théâtre.

Tu as débuté le théâtre à 9 ans et le cinéma à 10 ans. Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts sur scène et à l’écran ?

Emmanuel Curtil : J’ai pris des cours de théâtre au cours Simon durant un an, c’était le seul cours qui donnait des cours aux enfants. Les directeurs de casting venaient assister aux cours. Je n’envisageais pas d’en faire mon métier sérieusement. J’ai été démarché et j’ai passé des castings J’ai d’excellents souvenirs, être un enfant comédien et se retrouver sur des tournages avec Lino Ventura, Louis de Funes, Michel Bouquet, Jean Rochefort, on n’a pas envie de retourner à l’école.

D’ailleurs, j’ai rapidement pris des cours par correspondance car j’étais plus souvent sur les plateaux de tournage qu’à l’école où j’étais détesté car ça ne plaisait pas aux autres camarades de classe que je sois dans les journaux et dans les articles pour les films que j’avais tournés. Autant vous dire que les cours par correspondances, ça a été un ratage total, je n’ai même pas eu le bac. Puisque je ne savais faire que ça, j’ai continué ce métier.

Tu as également joué dans Les Misérables de Robert Hossein aux côtés de Lino Ventura.

Emmanuel Curtil : J’ai eu la chance de participer au tournage des Misérables, un film épique qui a duré 9 mois et qui a réuni des stars incroyables. C’était une expérience inoubliable pour moi, qui étais encore un enfant comédien. Je recevais beaucoup d’attention et d’affection de la part de l’équipe, qui me considérait comme la mascotte du tournage. C’était l’occasion rêvée de jouer la comédie avec des monstres du cinéma.

Tu es la voix française de Jim Carrey. Comment expliques-tu cette fidélité ? Qu’est-ce qui te plaît chez cet acteur si expressif ?

Emmanuel Curtil : J’ai commencé à doubler Jim Carrey avec le film The Mask (1994). C’était un casting très sélectif, car il fallait non seulement être comédien, mais aussi savoir changer de voix, imiter des personnalités et chanter. La société AMLF, devenue Pathé, avait acheté les droits des premiers films de Jim Carrey et misait beaucoup sur son potentiel de star.

Pour The Mask, ils envisageaient de prendre deux comédiens différents : un pour la voix normale de Stanley Ipkiss et un autre pour la voix transformée du Mask. Et pour la chanson, ils n’étaient même pas sûrs de la confier à l’un des deux. J’ai réussi à décrocher les deux rôles en montrant que je pouvais assurer la continuité vocale et les variations nécessaires.

C’est ainsi que je suis devenu la voix française attitrée de Jim Carrey. D’habitude, on est trois ou quatre à passer des essais de voix pour un rôle, mais là on était une quinzaine.

Tu doubles également d’autres acteurs célèbres comme Mike Myers, Ben Stiller ou Sacha Baron Cohen. Quelles sont les difficultés et les joies de doubler des acteurs comiques ?

Emmanuel Curtil : Doubler un comédien comique est plus difficile que doubler un comédien dramatique, car il faut éviter de surjouer ou de forcer le trait humoristique. Les personnages comiques sont des personnages qui vivent des situations tragiques avec une sincérité désarmante. Ils ne cherchent pas à faire rire. Louis de Funes, qui est pour moi un génie du cinéma français, ne joue jamais le comique. Il est toujours dans son personnage, qui est acculé, méchant, veule ou pleutre. Il est toujours sincère. C’est la même chose chez Jim Carrey, qui est un grand comique. Il n’est pas spécialement drôle dans la vie.

Les grands comédiens comiques ont souvent une fêlure qui les pousse à se réfugier dans la comédie pour ne pas s’effondrer. Jim Carrey, Robin Williams et d’autres ont cette fêlure. Chez Jim Carrey, elle transparaît dans certaines scènes.

Tu es aussi la voix de nombreux personnages d’animation comme Simba dans Le Roi Lion, Kronk dans Kuzco ou Buck dans L’Âge de glace. Comment donnes-tu vie à ces personnages si différents ?

Emmanuel Curtil : Pour un film d’animation Disney, on doit suivre la voix originale du comédien qui a déjà doublé le personnage. On est guidé par les superviseurs Disney et les directeurs artistiques. Ce n’est pas vraiment une création de voix, sauf pour un film d’animation français où le doublage n’a pas encore été fait ou où il y a des voix témoins. Pour Disney ou d’autres studios, on doit coller au plus près à l’original. J’ai pris beaucoup de plaisir à faire ces personnages. J’aime bien l’animation quand elle est proche de la caricature, comme avec Kronk. J’ai aussi adoré doubler Dimitri dans le film Anastasia.

Tu as succédé à Gérard Rinaldi pour doubler Dingo dans les productions Disney. Comment as-tu abordé ce rôle emblématique ? As-tu été influencé par la voix de Gérard Rinaldi ?

Emmanuel Curtil : J’ai essayé de respecter la voix de Gérard, qui était connue du public qui suivait la série animée. J’ai fait un travail d’imitation au début, puis j’ai pu me l’approprier progressivement. Je voulais faire une transition douce pour le public, sans changer radicalement la voix de Dingo.

Tu es la voix du personnage de George Stobbart dans la série de jeux vidéo Les Chevaliers de Baphomet. Quelles sont les spécificités du doublage de jeu vidéo par rapport au doublage de film ou de série ?

Emmanuel Curtil : Le doublage du jeu vidéo est un travail plus fatigant que le doublage du film ou de la série. On est seul en studio et on ne peut pas jouer avec les autres comédiens. On n’a pas beaucoup de repères sur le scénario, les personnages ou les situations. On doit créer la voix sans avoir d’image à l’écran. Pour Les Chevaliers de Baphomet, le défi était aussi de maintenir l’accent américain de George Stobbart tout au long du jeu.

Quels sont tes rêves ou tes envies en tant que comédien ?

Emmanuel Curtil : On me cantonne un peu à des rôles comiques. Depuis sept mois, je joue au théâtre et c’est un exercice que j’affectionne particulièrement. Le théâtre me plaît énormément.

Retrouvez également notre interview avec Dorothée Pousséo la voix française de Margot Robbie et d’Harley Quinn.

Propos recueillis par Anastasia V., interview et retranscription par Thomas O., pour Eklecty-City.fr, qui remercient Emmanuel Curtil de s’être prêté au jeu d’une interview.

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Anastasia
Anastasia
Rêveuse éternelle, la tête dans les nuages qui revient sur terre par l'invocation de films, séries, musiques, spectacles et actualités. Je suis une passeuse d'information option couteau suisse.

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