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[CRITIQUE] Hercule au festival de la sandale

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Chaque été, nos cinéma sont littéralement pris d’assaut par une vague de blockbusters. Chaque été, ils deviennent le théâtre du concours de celui qui à le plus gros budget, la plus grosse star, le plus d’explosions, etc. Et cet été, place à Hercule. Attention, ça va laisser des Thraces (pas pu m’en empêcher…).

Après avoir sagement accompli douze travaux particulièrement lénifiants, Hercule aurait aimé pouvoir profiter de sa femme (sexuellement) et de ses enfants (pas sexuellement). Mais le destin en a décidé autrement. Hanté par leur mort mystérieuse, le voilà devenu mercenaire : le héro grec massacre des vilains méchants contre espèce sonnante et trébuchante pour pouvoir se payer une retraite dans un coin reculé où il pourra se faire oublier du monde. Accompagné de quatre compagnons d’arme et de son conteur de neveux, le fils de Zeus se lance dans une dernière mission : aider Cotys à libérer la Thrace des bandits.

Adapté de la bande dessinée de Steve Moore, Hercule aborde le héro sous un jour plus humain : est-il le demi-dieu qui a accompli les douze travaux, où n’est-il qu’un homme habillé de légendes ? La thématique du film est donc des plus intéressantes : l’homme construit-il sa réputation où la réputation construit-elle l’homme ? C’est donc un Hercule en pleine crise existentielle (suis-je digne de ma réputation?) que le spectateur trouvera dans le métrage de Brett Ratner.
Cette thématique est habilement amenée par le neveux, conteur des exploits d’Hercule. Sa présence tend à montrer que la vérité importe peu, seul le mythe compte, galvanise et rassemble. Les créatures mythologiques que le Grec rencontre, ne sont donc pas si mythologiques que ça, mais quelle importance ? Raconter est mentir – ou plus exactement, sublimer.

Ça à l’air chouette sur le papier, non ?

Malheureusement, derrière Hercule (sic) il y a Brett Ratner, qui après avoir versé dans le cliché débilitant (Rush Hours) et massacré une franchise bien partie (X-Men : l’Affrontement Final), persiste et signe avec un péplum en roue libre.

Le scénario suggère que le mythe d’Hercule inspire le citoyen et rassemble les troupes. Malheureusement, à l’écran, cette thématique se trouve éclipsé par un Dwayne Johnson transformé en objet homo-érotique risible. En effet, à de très nombreuses reprises, la caméra glisse sur les muscles suintants de l’ancien catcheur. Elle s’attarde longuement sur ses biceps gonflés, ses cuisses monstrueuses, et sur bien d’autres parties de son anatomie fièrement exhibée. La régularité de ces plans où la tension du muscle transforme « The Rock » en braquemart géant, à tendance à rompre brutalement la cohésion du film. Au lieu de présenter un personnage fort et impressionnant (ce qui devait être l’intention première), ces scènes montrent plutôt un bodybuildeur huilé, en jupette et en sandales. Jolie confusion entre un péplum et une vidéo promotionnelle pour des boissons protéinés ou des stéroïdes.

Mieux vaut en rire… Et c’est bien là le problème du film : l’humour est totalement hors de contrôle. Ni les blagues des personnages, ni le comique de situation ne fonctionnent, au rayon gaudriole Hercule frise constamment le degré zéro de l’humour de vestiaire (j’attendais la blague « si tu avances et je recule, comment veux-tu que je t’Hercule », mais finalement elle n’est jamais venue). En revanche, le ridicule de ce gloubi-boulga ® fait mouche. Entre les scènes un tout petit trop spectaculaires (Hercule qui fait une prise de judo à un cheval) et l’homo-érotisme de carnaval, il y a de quoi se fendre l’amphore. Petit souci : le spectateur ne rit pas avec le film, mais du film.
Pour bien achever la caricature de virilité qui plane sur Hercule, l’un des compagnons d’Hercule ressent le besoin d’expliquer qu’Atalante n’est pas une vraie femme. POURQUOI FAIRE ?! Tu sous entends que la féminité est conditionné par la place de la femme (dans la cité, avec des enfants à attendre le retour de son homme, comme une plante verte) ?

Hé ben putain ! V’là pour le roi de la sandale ! Ce qui devait être une relecture d’un mythe, n’est finalement qu’une parade de testostérone stéroïdée. De la viande de beauf bien nerveuse ! Et je vous fait grâce de la mise en scène peu inspirée, de la musique putassière et de l’effroyable générique de fin au goût ghetto-gangster-bourgeois.

L’apogée de l’aspect kitch et incontrôlé du film est atteinte lorsque Hercule hurle son nom. Ce faisant, le scénariste nous indique que Hercule l’homme, embrasse l’Hercule de la légende ; les deux entités ne font plus qu’une. Mais ce que le spectateur voit à l’écran, ce n’est rien de plus qu’un gros neuneu, bronzé à l’UV, musclé à la fonte, et habillé par Cécile B. DeMille.

Transformer un héro de la mythologie en poseur adepte de la gonflette, il fallait oser. Brett Ratner l’a fait.

Réalisé par Brett Ratner, Hercule est attendu pour le 27 août 2014 dans nos salles avec Dwayne Johnson, Ian McShane, Rufus Sewell, Joseph Fiennes, Peter Mullan, John Hurt, Aksel Hennie, Ingrid Berdal, Reece Ritchie, Tobias Santelmann, Rebecca Ferguson, Isaac Andrews et Irina Shayk.

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Colin
Colin
Chroniqueur graphique névrosé, passionné de cinéma de bourrinage vidéo-ludique et de Russ Meyer.

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