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[CRITIQUE] En mai, fuis les casques à pointes

Nouveau film de Christian Carion, En mai fais ce qu’il te plaît, sort le 4 novembre avec à l’affiche, August Diehl, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner et même Laurent Gerra dans un rôle secondaire.

L’histoire se déroule en mai 1940. Sous la direction du maire, un petit village prend la route pour fuir l’invasion Allemande. Parmi les habitants, un petit garçon allemand dont le père, opposant politique, a fuit l’Allemagne pour se réfugier dans le petit village en question. Quand les villageois s’aperçoivent de sa nationalité, il est soupçonné d’être un espion nazi et est jeté en prison.

Le film est basé sur des témoignages de Français ayant pris la route et notamment celui de la mère du réalisateur…

La seconde guerre mondiale ou l’argument marketing

Avec le temps, la seconde guerre mondiale est devenue pour le cinéma, un moyen de vendre tout et n’importe quoi à un certain public ; de la même façon que Marvel vend du super héros en masse à un public adolescent et post adolescent acquis à sa cause et peu critique. Récemment, l’odieux Monuments Men a dévoilé la supercherie de manière grotesque. Un film raté, à l’infect mise en scène, qui multiplie les fautes de goûts (notamment une partition tagada tsouin tsouin) et semble se moquer du spectateur attiré par l’aspect historique et épique. Du coup, quelle autre meilleur moyen que de faire passer la pilule du navet putride qu’en nous le fourguant sous la bannière du « inspiré de faits historiques ».

Bref, un énième film sur la seconde guerre mondiale, je pouvais très largement m’en passer. D’autant plus qu’il s’agit d’une comédie dramatique bien de chez nous, genre que j’affectionne particulièrement peu. Je le concède, j’ai abordé le film avec un certain a priori. D’autant que le film se targue d’aborder un sujet soit disant jamais traité : l’exode des populations. (L’argument me semble un brin douteux dans la mesure où elle est la toile de fond de nombreux films comme Jeux interdits – mais passons.)

Chaleur et aventure

Comme Jeux interdit, En mai fais ce qu’il te plaît, affiche certaine légèreté. Même si elle touche à sa fin, le parfum d’une innocence jusqu’ici préservée, flotte sur le film de Christian Carion. Il fait beau, le soleil brille, une institutrice en robe à fleurs pédale pour jouer les éclaireuses, les enfants jouent et le fumet du terroir embaume chaque plan… La guerre ne fait irruption dans le quotidien de ce village en exode que par petites touches, comme des nuages gris sur un ciel bleu.

Chaque protagoniste porte en lui une aventure à son échelle et son propre rayon de soleil. C’est là que le film touche la corde sensible : les personnages sont suffisamment étoffés pour attirer l’empathie du spectateur. On prend le parti de ce maire de petit village qui se démène pour préserver ses villageois, on aime cette belle institutrice fantasme de l’adolescent et du fonctionnariat, on se prend d’amitié pour ce villageois attaché à son patrimoine œnologique (Laurent Gerra) et on frissonne pour ce père Allemand qui déplace des montagnes pour retrouver son fils…

Pour appuyer l’aventure de l’exode, la photographie du film, contrastée et colorée, est appuyée par les composition de Ennio Morricone. Loin de boursoufler le film, la musique d’Ennio Morricone sait se faire discrète voire se taire aux moments les plus judicieux. Elle n’appuie pas la violence des quelques affrontements qui émaillent le En mai fais ce qu’il te plaît. Au lieu de ça, elle fait souffler un vent de liberté et sublime les grands espaces de la campagne française balayés par la caméra.

C’est beau, et ça flatte l’œil, l’oreille et le cœur. Mais… ?

Fantasme de prof d’histoire

Oui c’est beau, on verse même la petite larme, mais le réalisateur jongle avec différents points de vue et perd des balles en route. Tentant l’exercice très difficile – et pas toujours justifié – du film choral, En mai fais ce qu’il te plait se retrouve à ramollir une histoire se déroulant pourtant dans un contexte des plus tendu. A trop vouloir en raconter, le film dilue l’intérêt du spectateur pour les pérégrinations des protagonistes. En effet le point de vue adopté – et donc imposé au spectateur – semble osciller en fonction des intérêts du cinéaste pour les anecdotes historiques : de cette institutrice qui semble incarner la mémoire de sa mère, en passant par ce père Allemand, son fils, le maire, le villageois œnophile, le soldat Anglais, le réalisateur Allemand. Chacun de ces personnage est riche, intéressant, et permet de construire un contexte historique solide. Cependant tous les rassembler dans le même film nuit à la narration. Au lieu d’une fresque épique, ou d’un drame rural, le spectateur assiste à une collection de portraits et d’anecdotes, certes très jolie, mais qui peine à maintenir en haleine sur les 114 minutes que dure le film.

J’ai été très agréablement surpris par En mai fais ce qu’il te plaît car je n’en attendais rien ou pas grand chose. Malgré tout, la narration aurait largement gagnée a être resserrée, quitte à abandonner l’aspect « film choral » qui n’apporte rien au propos. Au contraire.

A voir si vous êtes un mordu d’histoire, d’anecdotes sur la seconde guerre mondiale ou tout simplement si vous êtes un cinéphage curieux. Pas inoubliable, En mai fais ce qu’il te plaît est loin d’être mauvais.

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Colin
Colin
Chroniqueur graphique névrosé, passionné de cinéma de bourrinage vidéo-ludique et de Russ Meyer.

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