Donald Trump nourrit un scepticisme fort face au rachat de Warner Bros par Netflix et pourrait favoriser une alternative portée par Paramount.
À la suite du rachat de Warner Bros Discovery par Netflix, puis de la perspective d’une OPA hostile de Paramount à 30 dollars par action, un nouvel élément politique s’impose désormais au cœur du dossier. Le rôle potentiel du président des États-Unis Donald Trump, pourrait bouleverser l’équilibre fragile de cette opération et offrir à Paramount une fenêtre décisive pour faire échouer l’accord signé avec Netflix.
L’acquisition conclue entre Netflix et Warner Bros Discovery prévoit le rachat des studios et du streaming, avec une clôture attendue sous douze à dix-huit mois après validations réglementaires. Toutefois, cette séquence doit franchir un filtre clé aux États-Unis, à savoir l’examen antitrust mené par le département de la Justice et la Federal Trade Commission. Dans ce cadre, l’influence directe exercée par Donald Trump sur les agences fédérales place la Maison-Blanche au centre du processus.
Selon plusieurs sources relayées par la presse économique américaine (via Variety), la position interne de l’administration Trump suscite déjà des doutes marqués. Un haut responsable, resté anonyme, a déclaré que la Maison-Blanche exprimait un « fort scepticisme » à propos de l’opération Netflix Warner Bros. Cette réserve s’ancre dans la crainte croissante de voir Netflix renforcer outre mesure son pouvoir de marché via l’intégration de HBO Max et des studios Warner.
Un front politique bipartisan contre l’accord
Cette méfiance dépasse le cadre partisan. Des élus républicains et démocrates partagent l’idée que l’accord pourrait concentrer trop de pouvoir entre les mains d’un seul acteur. La sénatrice Elizabeth Warren a ainsi qualifié le projet de « cauchemar anti-monopole » qui risquerait de réduire le choix des consommateurs et de fragiliser l’emploi. De son côté, le représentant Darrell Issa affirme que Netflix dispose déjà d’un pouvoir sans égal dans le streaming mondial.
Face à cette pression, Netflix affiche une assurance totale. Ted Sarandos a déclaré aux analystes « Nous dirions que nous sommes très confiants dans le processus réglementaire. Cet accord est favorable aux consommateurs, à l’innovation, aux travailleurs, aux créateurs et à la croissance ». Il a ajouté que les activités de Netflix et de Warner Bros « se complètent » et que le groupe avance « à pleine vitesse vers l’approbation réglementaire ».
David Zaslav adopte une ligne similaire. Le dirigeant de Warner Bros Discovery a affirmé devant ses salariés « Je pense que c’est une combinaison formidable. Il existe très peu de chevauchements entre nous. Nous sommes le plus grand producteur de contenus créatifs et Netflix possède la plus grande plateforme technologique ». Pourtant, ces déclarations n’éteignent pas les inquiétudes politiques.
Dans ce contexte, Paramount tente d’imposer un autre récit. Le groupe insiste depuis des semaines sur le caractère fragile du dossier Netflix face aux régulateurs. Dans une lettre envoyée aux avocats de Warner Bros Discovery, Paramount a averti qu’une vente à Netflix « ne se conclurait probablement jamais » en raison des obstacles juridiques et concurrentiels. Cette position alimente l’idée que l’administration Trump pourrait bloquer l’opération ou en ralentir fortement l’examen.
Les relations personnelles entre Donald Trump et la famille Ellison renforcent cette hypothèse. Trump ne cache pas son estime pour Larry Ellison et son fils David, patron de Skydance et figure centrale de Paramount. Le président a récemment déclaré « Larry Ellison est formidable, et son fils David est formidable. Ce sont des amis à moi. Ce sont de grands soutiens ». Cette proximité nourrit les spéculations sur un climat favorable à une solution portée par Paramount.
Trump a déjà montré par le passé sa volonté d’intervenir dans les grandes opérations médiatiques. Durant son premier mandat, son administration avait attaqué la fusion entre AT&T et Time Warner, sans toutefois obtenir gain de cause devant les tribunaux. Il y a quelques jours, le film Rush Hour 4, licence de Warner Bros, a été officialisé… après une intervention de Trump… et sera distribué par Paramount Skydance.
Hollywood observe cette séquence avec une inquiétude persistante.L’éventualité d’un veto politique, couplée à une offre hostile de Paramount, transforme désormais ce dossier en affrontement à la fois économique, juridique et politique.





