Warner Bros. Discovery confirme examiner l’offre hostile de Paramount à 30 $ par action, sans renoncer pour l’instant à l’accord Netflix.
Après des mois de rumeurs, un accord historique avec Netflix et une première onde de choc à Hollywood, le feuilleton Warner Bros. Discovery connaît un nouveau rebondissement. Quelques jours seulement après l’annonce du rachat de ses studios et de HBO par Netflix, le groupe fait face à une offensive frontale de Paramount Skydance, qui tente de renverser la table avec une offre publique d’achat hostile bien plus élevée.
Warner Bros. Discovery réagit officiellement à l’offre de Paramount
Ce lundi, Warner Bros. Discovery a publié un communiqué officiel (via Variety) en réponse à l’offre non sollicitée de Paramount Skydance, qui propose de racheter l’ensemble des actions WBD à 30 dollars par action, valorisant le groupe à 108,4 milliards de dollars en valeur d’entreprise.
Le conseil d’administration temporise et annonce qu’il va analyser cette proposition, tout en réaffirmant, à ce stade, son engagement envers Netflix. Dans son communiqué, Warner déclare : ‘Le conseil d’administration de Warner Bros. Discovery (le ‘Conseil’), conformément à ses obligations fiduciaires et en consultation avec ses conseillers financiers et juridiques indépendants, examinera et étudiera attentivement l’offre de Paramount Skydance conformément aux termes de l’accord de Warner Bros. Discovery avec Netflix, Inc.‘
Le groupe précise également le calendrier de sa décision : ‘Warner Bros. Discovery entend informer ses actionnaires de la recommandation du Conseil concernant l’offre publique d’achat de Paramount Skydance dans un délai de dix jours ouvrables.‘
D’ici là, la position officielle reste inchangée. Warner insiste clairement : ‘Le Conseil d’administration de WBD ne modifie pas, à ce stade, sa recommandation concernant l’accord conclu avec Netflix.‘
Les actionnaires sont par ailleurs invités à la prudence : ‘Les actionnaires de Warner Bros. Discovery sont invités à ne prendre aucune mesure pour le moment concernant la proposition de Paramount Skydance.‘
Sauf surprise, cette période d’examen doit s’achever le vendredi 19 décembre, soit dix jours ouvrables après l’annonce officielle.
Paramount pousse son avantage et publie un site dédié
De son côté, Paramount intensifie sa communication. Le groupe a lancé un site officiel intitulé ‘Building a Stronger Hollywood‘ accessible à l’adresse strongerhollywood.com, destiné à convaincre actionnaires, talents et opinion publique de la supériorité de son offre.
Ce site met en avant un comparatif direct entre les deux propositions. Paramount y défend une offre 100 % en numéraire, couvrant l’intégralité de Warner Bros. Discovery, avec une valeur par action supérieure à celle de Netflix. À l’inverse, l’offre de Netflix est présentée comme partielle, plus incertaine, reposant sur une combinaison de cash et d’actions soumise à des mécanismes de ‘collar’ et à des risques réglementaires élevés.
Paramount insiste notamment sur :
- 30 $ par action en cash, contre 23,25 $ en numéraire chez Netflix
- Une plus grande certitude de valeur pour les actionnaires
- Un calendrier réglementaire plus court et plus lisible
- Un engagement affiché en faveur du cinéma en salles et des franchises historiques
À travers cette offensive, Paramount cherche clairement à fragiliser la crédibilité de l’accord Netflix et à se positionner comme l’option ‘industrielle’ et ‘pro-cinéma’ face à un pure player du streaming.
Une décision lourde de conséquences pour Hollywood
La réaction prudente de Warner Bros. Discovery montre l’ampleur du dilemme. D’un côté, un accord déjà signé avec Netflix, soutenu par une logique de consolidation du streaming mondial. De l’autre, une OPA hostile plus généreuse financièrement, portée par Paramount Skydance et soutenue par de puissants investisseurs, qui promet de préserver davantage le modèle hollywoodien traditionnel et l’exploitation en salles.
Les dix prochains jours seront donc décisifs. Au-delà du simple choix financier, c’est l’avenir des studios Warner, de HBO, de DC et du cinéma américain dans son ensemble qui se joue désormais dans les salles de conseil d’administration… et peut-être bientôt devant les régulateurs.
