De la rivalité féroce des années 80 à une collaboration tardive, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger ont marqué l’histoire du cinéma.
Alors qu’ils sont amis aujourd’hui, les années 80 et 90 furent marquées par une lutte acharnée entre Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone, deux figures emblématiques du cinéma d’action. Sylvester Stallone évoquait cette période en 2013 sur le plateau de David Letterman :
‘On se détestait. On était en permanence en compétition, mais cela faisait ressortir le meilleur de nous-mêmes… Comme Arnold Schwarzenegger le dirait, ça permet d’accélérer le mouvement. Par exemple, s’il avait un plus gros flingue, je devais tuer plus de monde. S’il tuait plus de monde, je partais sur de la science-fiction…‘
En 2017, Arnold Schwarzenegger a profité du Beyond Fest, le festival de films de genre le plus fréquenté des États-Unis, pour commenter cette compétition entre les deux acteurs. Il confiait (via slashfilm) :
‘Je suis heureux que nous ayons mis de l’ordre dans nos affaires, car ce n’était pas beau à voir. Nous nous attaquions sans relâche dans la presse. Nous nous traitions de tous les noms et de tous les points faibles, et c’était tellement compétitif. C’est devenu tellement idiot que tout d’un coup, c’est devenu une compétition pour savoir qui a le corps le plus musclé. J’ai donc dit : ‘Sly, oublie ça maintenant. Parce qu’il n’y a qu’un seul septuple M. Olympia, et c’est moi !’. Mais il a dû utiliser des armes plus grosses. C’était donc une compétition pour savoir qui avait le plus gros pistolet, puis qui utilisait le plus gros couteau. Vous vous souvenez que le couteau de Rambo est devenu si grand qu’il ressemblait à une épée ? Personne n’a de couteau comme ça ! Mais Stallone en a fait construire un, alors j’ai dû venir avec un plus gros. C’est comme ça que ça s’est passé. Qui a les meurtres les plus uniques ? Qui tue le plus de gens à l’écran ? Qui gagne le plus d’argent au box-office ? Qui a le moins de graisse corporelle lorsqu’il entre en production ? Toutes ces choses ont commencé à se produire, et ça n’a pas arrêté ! C’était incroyable.‘
Cette rivalité a alimenté une véritable course aux succès, à coups de blockbusters spectaculaires et de records au box-office, pour le plus grand bonheur des producteurs. Leur compétition a souvent donné lieu à des anecdotes savoureuses. En 1991, Stallone accepte un rôle dans ‘Arrête ou ma mère va tirer !‘ uniquement parce que Schwarzenegger avait habilement laissé entendre qu’il était intéressé… alors qu’il ne l’était pas du tout.
Schwarzenegger déclare à ce sujet : ‘C’est vrai. J’ai lu le scénario. Il était vraiment mauvais. Vous savez, j’ai aussi fait des films qui sont allés directement dans les toilettes, n’est-ce pas ? Qui étaient mauvais. Mais celui-ci était vraiment mauvais. J’y suis donc allé – c’était pendant la guerre – et je me suis dit que j’allais faire savoir que j’étais extrêmement intéressé. Je sais comment cela fonctionne à Hollywood. J’ai alors demandé beaucoup d’argent. Ils me disaient alors : « Allons le donner à Sly. On peut peut-être l’avoir pour moins cher’. Ils ont donc dit à Sly : « Schwarzenegger est intéressé. Voici les coupures de presse. Il en a parlé. Si vous voulez lui prendre celui-là, c’est possible’. Et il a foncé ! Il a tout fait pour. Une semaine plus tard, j’ai appris que Sly signait pour ce film. Et j’ai dit : ‘Yes !’‘.
Une rivalité saine
Leurs films regorgent également de clins d’œil et de piques adressées à leur rival. Dans ‘Jumeaux‘ (1988), Schwarzenegger, en Julius Benedict, se moque des muscles de Stallone devant une affiche de ‘Rambo III‘. Dans ‘Tango & Cash‘ (1989), le personnage de Stallone rétorque à un prisonnier menaçant, interprété par Robert Z’dar, après l’avoir insulté de ‘capitaine couille molle‘ : ‘Oui, je vous ai adoré dans ‘Conan le Barbare’, avant de lui écraser la tête contre la porte de sa cellule.
En 1991, dans le film ‘Arrête ou ma mère va tirer !‘, lorsque Joe et Tutti quittent le bureau de Parnell après l’avoir interrogé, Tutti lance une menace en déclarant : ‘Je reviendrai !‘ (I’ll Be Back!). Elle prétend ensuite à Joe que c’est une phrase typique des policiers, ce à quoi son fils rétorque avec ironie : ‘Non ! C’est Terminator qui dit ça !‘. Quant à ‘Last Action Hero‘ (1993), dans l’univers de Jack Slater c’est Stallone qui joue le ‘Terminator’, l’interprète de Rocky apparait sur une affiche de ‘T2’ dans un vidéoclub. Pour Slater, Stallone ‘n’a jamais été meilleur que dans ce film‘.
Les références continuent dans ‘Demolition Man‘ (1993), où une scène mémorable voit John Spartan (Sylvester Stallone) abasourdi en apprenant que Schwarzenegger serait devenu président grâce à un amendement constitutionnel fictif. Même ‘True Lies’ (1994) de James Cameron glisse une réplique : ‘J’ai épousé Rambo‘, déclare Helen (Jamie Lee Curtis) après une scène d’action où Schwarzenegger sauve la situation.
Durant des décennies, Sly et Schwarzy se sont affrontés au box-office. En 2019, cette rivalité a refait surface avec la sortie quasi simultanée de ‘Terminator : Dark Fate‘ et ‘Rambo : Last Blood‘, chacun reprenant un rôle légendaire pour ce qui pourrait être la dernière fois. Plus récemment, ils se sont opposés indirectement dans des séries, une première pour chacun des deux acteurs : Stallone en mafieux dans ‘Tulsa King‘ (Paramount) et Schwarzenegger en espion dans ‘Fubar‘ (Netflix).
Un Volte Face avec Stallone et Schwarzenegger
Malgré leur rivalité, Hollywood n’a jamais réussi à réunir Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone dans un même film au sommet de leur gloire. Alors que c’est quelque chose qui se ferait naturellement de nos jours.
Un projet emblématique aurait pourtant pu les associer : ‘Volte/Face‘ (1997). Initialement, les scénaristes Michael Colleary et Mike Werb avaient envisagé Stallone et Schwarzenegger pour incarner les deux personnages principaux, Sean Archer et Castor Troy. Toutefois, les emplois du temps conflictuels des acteurs – Sylvester Stallone tournant ‘Copland‘ et Arnold Schwarzenegger engagé dans ‘Batman & Robin‘ – ont empêché cette rencontre.
John Woo, finalement aux commandes, opta pour John Travolta et Nicolas Cage, jugés plus adaptés. Schwarzenegger avouera plus tard regretter de ne pas avoir participé à ce film.
Stallone et Schwarzenegger enfin réunis
Il faut attendre ‘The Expendables : Unité Spéciale‘ (2010) pour voir Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger partager pour la première fois l’écran. Ce film marque le début d’une franchise dédiée à rassembler les icônes du cinéma d’action, du passé comme du présent. L’intrigue suit Barney Ross (Stallone) et son équipe de mercenaires surentraînés, engagés pour renverser un dictateur en Amérique latine. Au cœur de cette mission explosive, des trahisons et des révélations mettent à l’épreuve leur loyauté et leurs compétences.
Dans ce premier opus, Schwarzenegger fait une apparition remarquée lors d’une scène mémorable avec Stallone et Bruce Willis, interprétant respectivement un rival mercenaire et un mystérieux donneur de missions. Ce moment culte, tourné en octobre 2009 dans une église à Hollywood, résulte d’une idée de Bruce Willis, qui a insisté pour réunir les trois légendes dans un cadre unique. Initialement, Schwarzenegger devait partager une scène extérieure avec Stallone, où leurs personnages échangeaient des piques humoristiques à un feu rouge. Finalement, leur interaction dans l’église inclut des références subtiles à leurs carrières respectives, renforçant l’autodérision qui caractérise la saga.
En coulisses, une autre anecdote entoure le casting : Sylvester Stallone, grand admirateur de la série ‘Dexter‘, voulait engager Michael C. Hall pour incarner le général Garza, mais des soucis de santé ont contraint l’acteur à refuser. David Zayas, qui interprète Angel Batista, dans ‘Dexter‘, a finalement repris le rôle.
La consécration de leur duo
Deux ans plus tard, ‘The Expendables 2 : Unité spéciale‘ (2012) offre à Arnold Schwarzenegger et Bruce Willis des rôles plus conséquents. Les deux acteurs se jouent également de leurs répliques emblématiques : ‘I’ll be back‘ pour Schwarzenegger et ‘Yippee Ki Yay‘ pour Willis.
Le premier film à réellement mettre Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger en tête d’affiche reste toutefois ‘Évasion‘ (‘Escape Plan‘, 2013), réalisé par Mikael Håfström. Dans ce thriller carcéral, Ray Breslin (Stallone) est un expert en sécurité engagé pour tester les systèmes de détention les plus sophistiqués. Lorsque Breslin est piégé dans une prison ultra-sécurisée et injustement emprisonné, il s’allie à Emil Rottmayer (Schwarzenegger), un détenu mystérieux, pour orchestrer une évasion spectaculaire. Bien que le film ait reçu un accueil mitigé, il demeure une étape marquante en réunissant enfin ces deux légendes dans des rôles principaux.
La production d’Évasion‘ n’a pas été sans épreuves pour Sylvester Stallone, qui a dû surmonter une immense douleur personnelle : la mort de son fils Sage à l’âge de 36 ans pendant le tournage. Sage Stallone, le fils de l’acteur et de Sasha Czack, était apparu à plusieurs reprises au cinéma aux côtés de son père, jouant Rocky Jr. Balboa dans ‘Rocky V‘ (1990) et Vincent dans ‘Daylight‘ (1996). Sylvester Stallone a eu un autre fils avec Sasha Czack, Seargeoh Stallone, qui est resté à l’écart des projecteurs. Ce dernier, tout comme Sage, est le demi-frère de Sistine, Sophia et Scarlet Stallone, les filles de Stallone et Jennifer Flavin, connues pour leur participation à la télé-réalité familiale diffusée sur Paramount+.
Malgré deux suites directement sorties en vidéo, ‘Évasion 2 : Le Labyrinthe d’Hadès‘ (2017) et ‘Évasion 3 : The Extractors‘ (2019), aucun des films n’a retrouvé l’impact du premier opus qui a avait pour mérite d’avoir les deux mâles alphas d’Hollywood en tête d’affiche.
Un dernier tour ensemble : The Expendables 3
En 2014, Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone se retrouvent une dernière fois dans ‘The Expendables 3‘. Cette fois, Schwarzenegger y tient un rôle plus réduit, et le film marque la fin de leurs collaborations majeures. Depuis, malgré leur grande amitié, aucun projet d’envergure n’a réuni ces deux titans.
Hollywood est souvent critiqué pour avoir laissé passer l’opportunité d’exploiter davantage cette alchimie. Leur absence dans un même film durant leurs années de gloire reste une frustration pour les fans, tout comme l’échec de réunir Carrie Fisher, Harrison Ford et Mark Hamill dans une scène commune dans la postlogie ‘Star Wars‘.
La liste des films avec Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger :
- Expendables : Unité Spéciale (2010)
- Expendables 2 : Unité Spéciale (2012)
- Évasion (2013)
- Expendables 3 (2014)