AccueilCinémaIron Man 2 : Le comité créatif de Marvel a supprimé les...

Iron Man 2 : Le comité créatif de Marvel a supprimé les scènes de violence domestique de Tony Stark

The Journal, un podcast du Wall Street Journal, dévoile les conflits internes qui ont agité Marvel Studios et le comité créatif.

Un groupe de gardiens de la fidélité aux comics

Marvel Studios est aujourd’hui l’un des studios de cinéma les plus puissants et les plus rentables du monde, avec une vingtaine de films à succès mettant en scène des super-héros issus des bandes dessinées Marvel. Mais derrière cette réussite se cache une histoire de conflits internes entre les dirigeants et les créateurs de l’entreprise, qui ont failli compromettre la vision artistique de certains films. C’est ce que révèle une série d’épisodes du podcast du Wall Street Journal, The Journal, animé par Kate Linebaugh et Ryan Knutson, qui revient sur l’ascension de Marvel Studios, de l’éditeur de bandes dessinées au studio de cinéma, puis au rachat par Disney.

L’un des épisodes s’intéresse au rôle controversé du comité créatif de Marvel, un groupe de personnes chargées de superviser toutes les activités de Marvel, qu’il s’agisse de jeux, de jouets, de parcs à thème, de télévision ou de films, avec l’intention expresse de les maintenir fidèles aux bandes dessinées et à la marque. Ce comité était composé d’Ike Perlmutter, le président historique de Marvel Entertainment, d’Alan Fine, le président du comité, de Joe Quesada, le directeur créatif, de Dan Buckley, l’éditeur en chef, et de Brian Bendis, un scénariste renommé.

Le comité créatif avait le pouvoir d’approuver ou de rejeter les scénarios, les budgets et les choix artistiques des films produits par Marvel Studios, dirigé par Kevin Feige. Mais selon le podcast du Wall Street Journal, cette ingérence a souvent été source de frustration et de tension pour Feige et certains réalisateurs, qui se sentaient bridés dans leur créativité.

Iron Man 2 : Un film censuré

Le podcast cite notamment l’exemple du film Iron Man 2, sorti en 2010, dans lequel le comité créatif a supprimé des scènes montrant la violence domestique de Tony Stark, le héros incarné par Robert Downey Jr..

Ben Fritz, le journaliste qui a réalisé la série d’épisodes sur Marvel Studios, rapporte qu’il a entendu dire que ‘pendant la production d’Iron Man 2, les membres du Comité créatif ont détesté le comportement d’Iron Man lorsqu’il était ivre, y compris un moment où il fait pipi dans son costume. Cette scène est restée dans le film, mais le Comité a convaincu Feige de supprimer certains dialogues qui, selon eux, donnaient l’impression qu’Iron Man était cruel‘. Fritz ajoute qu’il s’agissait d’une scène où Tony Stark frappait Pepper Potts (Gwyneth Paltrow) en signe de frustration. Le comité créatif aurait estimé que cette scène était trop choquante et nuisait à l’image du personnage.

Cette décision du comité créatif peut être considérée comme judicieuse, car elle évite de reproduire une erreur commise dans les comics avec un autre personnage. Dans la bande dessinée The Avengers Issue #213 parue en 1981, Hank Pym, qui portait à l’époque le surnom de super-héros Yellowjacket, gifle sa femme Janet Van Dyne, alias La Guêpe. Cette scène a porté atteinte à la réputation du personnage auprès des lecteurs de bandes dessinées et a entaché son image pendant des années. En supprimant la scène où Tony Stark frappe Pepper Potts dans Iron Man 2, le comité créatif a évité que le héros principal du MCU ne subisse le même sort.

Le comité créatif : Un obstacle à la créativité et à la diversité

Brian Bendis, qui faisait partie du comité créatif à l’époque, confirme que le comité intervenait principalement dans la préproduction et la postproduction des films. ‘Nous serions comme des salauds de l’art de la bande dessinée qui entreraient dans la pièce en apportant leur vérité de la bande dessinée. Nous lisions toutes les ébauches dès qu’elles arrivaient ou tout ce que Kevin voulait que nous lisions. Mais nous avions l’impression que presque tout nous parvenait, des ébauches de projets, des concepts‘, dit-il.

Mais Bendis reconnaît aussi que le comité créatif a fini par être perçu comme un outil d’antagonisme par certains créateurs. Il explique (via BleedingCool) : ‘Je ne l’ai pas vu, mais oui. Et je dois dire que, sincèrement, tout le monde a été très professionnel et respectueux devant moi. Je n’ai jamais vu personne jeter une chaise ou quoi que ce soit d’autre… Aucun moment de sécession ou quoi que ce soit d’autre. Mais j’ai le sentiment que le comité de création était un outil utilisé pour aider et que finalement, lentement, avec le temps, il a été utilisé comme un outil d’antagonisme à un certain niveau. Encore une fois, cela ne s’est jamais produit devant moi, mais je sais qu’il est passé d’un outil dont tout le monde était satisfait à un outil qui frustrait les gens‘.

Le podcast du Wall Street Journal révèle également que le comité créatif de Marvel était souvent en désaccord avec Kevin Feige sur les budgets des films. Ike Perlmutter, qui avait racheté Marvel en 1996 avec sa société Toy Biz, était réputé pour être très économe et méfiant envers Hollywood. John Turitzin, ancien directeur administratif, vice-président exécutif et avocat général de Marvel, se souvient : ‘Ils voulaient faire le meilleur film possible. Et si cela nécessitait de l’argent, cela nécessitait de l’argent. Cela a entraîné des conflits entre Marvel New York et Marvel Studios‘.

Robbie Whelan, journaliste au Journal, raconte un exemple de ces conflits : ‘Pour le premier film Ant-Man, par exemple, ils lui disaient : ‘On peut faire ce film pour 60 millions de dollars’. Et il répondait : ‘Super. Ça me paraît bien. C’est un budget assez raisonnable pour un grand film de super-héros.’ Quelques semaines plus tard, Ike et les autres membres du comité créatif recevaient un appel disant : ‘En fait, il nous faut 80 millions pour faire ce film.’ Et quelques semaines plus tard, c’était 100 millions de dollars.

Le comité créatif de Marvel a également été accusé d’avoir freiné la diversité des films de super-héros, en s’opposant aux projets de Black Panther et Captain Marvel, qui mettaient en scène respectivement un super-héros noir et une super-héroïne. Ces projets ont finalement été validés par Bob Iger, le président de Disney, qui a racheté Marvel en 2009 pour 4 milliards de dollars. Iger raconte dans son livre The Ride of a Lifetime (2019) qu’il a dû intervenir pour faire passer outre les objections du comité créatif :

J’ai été suffisamment longtemps dans ce business pour avoir entendu tous ces vieux arguments et les reconnaître pour ce qu’ils sont : de vieux arguments. Vieux, et ne reflétant pas la réalité de ce qu’est notre monde ni de ce qu’il devrait aspirer à devenir. Nous avons eu la chance de faire un grand film, et de montrer une part souvent sous-représentée des États-Unis, deux objectifs qui n’ont jamais été contradictoires. J’ai appelé Ike pour lui dire de ne plus mettre de bâtons dans les roues [de Marvel Studios] et de lancer le développement de Black Panther et Captain Marvel.

La séparation entre Marvel Studios et le reste de l’entreprise

La situation a atteint son point culminant en 2015, lors de la préparation du film Captain America : Civil War, qui devait réunir la plupart des super-héros du MCU dans une confrontation épique. Le comité créatif aurait posé des difficultés à Kevin Feige dans l’élaboration de son projet. Feige aurait alors envisagé d’abandonner son rôle d’architecte du MCU.

C’est à ce moment-là que Bob Iger a décidé de séparer Marvel Studios du reste de l’entreprise et de placer Feige sous les ordres directs d’Alan Horn, le président de Walt Disney Studios. Le comité créatif a ainsi perdu son pouvoir sur les films de Marvel Studios et a été dissous en 2016. Depuis lors, Kevin Feige a eu carte blanche pour développer sa vision artistique du MCU, qui s’est élargi à des personnages plus diversifiés et originaux.

Votre soutien est important pour Eklecty-City, retrouvez toutes les actualités pop culture sur les réseaux sociaux : Facebook, Threads, Instagram, Twitter.

Vous avez aimé ? Partagez :

Thomas
Thomas
Rédacteur en chef et chroniqueur anti-protocolaire. Enfant des années 80's / 90’s biberonné à la Pop Culture.

Sur le même sujet

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.