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[CRITIQUE] Équipe de rêve et rêve d’une équipe

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Une équipe de rêve c’est avant tout le rêve d’une équipe : celui de se débarrasser du titre de « pire équipe du monde ».

Équipe de rêve et rêve d’une équipe

En 2001, les Samoa Américaines (île située en Océanie) ont en effet essuyé une défaite historique contre l’Australie : 31-0. Loin de jeter l’éponge, la fédération de football locale (FFAS) décide de tenter les qualifications pour la coupe du monde 2014. A un mois des qualifications elle fait appel à Thomas Rongen, entraîneur professionnel hollandais au caractère bien trempé. Lorsque le néerlandais arrive sur place il découvre une équipe charmante mais dans une condition physique déplorable.

Parmi les joueurs qui disputerons la compétitions, Nicky Salapu le gardien qui était dans les buts lors de la défaite contre l’Australie et Johnny « Jaiyah » Saeluah, premier joueur dit « transgenre » à participer à l’épreuve.

Le retour de l’humanité et de l’humilité

La qualité première de ce documentaire est de parler d’un football qui ressemble encore à un sport source de plaisir – rien à voir avec les flux financiers et les dégueulis d’ego de joueurs starlettes.

Lorsque les deux réalisateurs britanniques et leur producteur ont approché la FFAS avec leur projet de documentaire, la fédération s’est avérée plus que réservée ; peut encline à transformer son équipe en Spinal Tap du football. Mais l’intention des trois Anglais était véritablement de filmer l’Homme derrière les crampons. Qui sont ces gens à qui a été collé l’étiquette de « pire équipe du monde » ? Et qu’est-ce qui pouvait bien les pousser à continuer à essayer, dans la joie et la bonne humeur ?

Ce que Mike Brett, Steve Jamison et Kritian Brodie ont trouvé aux Samoa Américaine, c’est une équipe portée par la foi et le plaisir de jouer. Aucun joueur n’est payé pour jouer, chacun s’entraîne sur son temps libre, entre son travail et l’Église. Car la religion occupe une très grande place dans la vie des Samoans. Mais leur pratique (à l’instar de celle qu’ils ont du foot) semble dominée par l’ouverture vers l’autre, la jouissance et l’esprit de communauté.

Une équipe de rêve est donc loin d’une esthétique de la médiocrité. S’il est indéniable que le niveau des joueurs et leurs préoccupations sont aux antipodes du football dit « professionnel », ce n’est pas là la thématique du film. Ainsi, ce qui frappe c’est cette équipe que se comporte comme une véritable famille et prend soin de tous ses membres, fussent-il un gardien célèbre pour avoir encaissé 31 buts en un seul match ou un joueur « transgenre ».

Le troisième sexe

Jaiyah Salelua, défenseur de l’équipe, est le premier joueur transgenre à disputer une compétition internationale. Mais là encore, le football peut-être aisément relégué au second plan. En effet Jaiyah joue un rôle clé au sein de l’équipe. Elle est à la fois un joueur compétent mais aussi un pilier humain. Héritage de la tradition locale ? Probablement, puisque chez les Samoans, le transgenre n’existe pas – le mot étant encore trop souvent usé de façon péjorative. En lieu et place on y parle de fa’afafine ou « comme une femme » ; en quelque sorte un troisième sexe, qui combine les qualités des deux sexes.

Pour autant – et de manière presque surprenante – Jaiyah ne porte pas le film sur ses épaules. C’est plutôt le coach Thomas, parachuté ici avec la volonté clairement affichée de faire de l’équipe des Samoas Américaines la fierté de sa carrière. Mais très rapidement la conception de l’apprenti Midas va voler en éclat. A mesure qu’il entraîne l’équipe, le coach Thomas semble retrouver quelque chose qu’il avait perdu il y a bien longtemps…

MTV : drame personnel et surenchère d’images

Une équipe d’un niveau catastrophique, un joueur Fa’afafine et un coach aux méthodes radicales, cela ne suffit tout à fait à atteindre le top niveau du divertissement. Il y manque du drame personnel. Celui du coach, qui se révèle au spectateur, lentement mais sûrement. Celui du gardien de but qui est hanté par sa défaite cuisante face aux Australiens. Ou encore celui d’un G.I. revenu au pays.

Certes, cela donne du corps au documentaire et contribue à l’ancrer dans une réalité humaine (si tant est que les enjeux de l’équipe ne se suffisaient pas à eux même). Mais la mise en scène s’appesantit bien trop lourdement là dessus. A force de ralentis sous la pluie et de gros plans « émotion », Une équipe de rêve arbore très vite les apparats des pseudo-documentaires MTV. Voire parfois même un côté télé-réalité. Est-ce dû au fait que l’équipe de tournage a été sommée de se tenir à l’écart des joueurs pendant les entraînements – les obligeant a filmer de loin ?

Quoiqu’il en soit, cela rebutera certains spectateurs qui ne pourront passer outre ce formalisme un rien putassier.

Après une défaite historique 31-0 contre l’Australie en 2001, les Samoa Américaines – officiellement la pire équipe de football au monde – sont toujours à la recherche de leur première victoire en match officiel. Ils n’ont pas marqué de but depuis 4 ans. Appelé à la rescousse, l’entraîneur hollandais Thomas Rongen découvre à son arrivée sur l’île une équipe attachante : Nicky Salapu, gardien de but hanté par les 31 buts encaissés, revenu sur l’île vaincre ses démons ; Johnny « Jaiyah » Saeluah, premier joueur transgenre à disputer une compétition internationale, etc. Il reste un mois avant le début de la campagne qualificative pour la Coupe du Monde, et un rêve à conquérir.

Réalisé par Mike Brett et Steve Jamison, Une Équipe de Rêve est prévu pour le 10 Juin 2015 avec Thomas Rongen, Nicky Salapu, Liatama Amisone, Uasila’a Heleta, Daru Taumua, Tala Luvu, Terrence Sinapati et Roy Luani.

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Colin
Colin
Chroniqueur graphique névrosé, passionné de cinéma de bourrinage vidéo-ludique et de Russ Meyer.

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