Electronic Arts va devenir une société privée après un rachat record de 55 milliards $ par trois investisseurs mondiaux.
Le géant du jeu vidéo Electronic Arts (EA) a annoncé son rachat par un consortium international pour un montant total de 55 milliards de dollars. La transaction regroupe le Public Investment Fund (PIF) d’Arabie Saoudite, le fonds américain Silver Lake et Affinity Partners, fondé en 2021 par Jared Kushner, gendre de Donald Trump. Ensemble, ils acquerront l’intégralité de l’entreprise, transformant EA en société privée d’ici le premier trimestre 2027.
Actuellement cotée au NASDAQ, EA quittera la Bourse après la finalisation du rachat. Cette privatisation implique que l’entreprise n’aura plus l’obligation de publier ses résultats financiers trimestriels, réduisant ainsi la transparence vis-à-vis du public et des investisseurs.
Le financement combine 36 milliards de dollars de capitaux propres et 20 milliards de dette, dont 18 milliards devraient être levés dès la clôture de l’opération auprès de JPMorgan Chase. Cette structure financière lourde pourrait profondément influencer les décisions stratégiques et la gestion des studios internes. Concrètement, les équipes pourraient être poussées à maximiser les revenus à court terme, ce qui favoriserait l’exploitation intensive des franchises phares comme EA Sports FC, Battlefield ou Les Sims via des microtransactions et du contenu additionnel, souvent au détriment de la créativité et de l’innovation.
Par ailleurs, la pression financière pourrait entraîner des restructurations, des fermetures de studios ou des licenciements, et certains projets plus expérimentaux ou narratifs risqueraient d’être retardés ou annulés. Les priorités de développement seraient ainsi orientées vers des titres à fort retour sur investissement immédiat, réduisant l’espace pour les initiatives audacieuses.
Enfin, la composition du financement implique que des investisseurs privés, dont le fonds saoudien et Jared Kushner via Affinity Partners, auront un poids majeur dans la gouvernance et la stratégie. Leur influence pourrait orienter l’entreprise selon des logiques financières et géopolitiques plutôt que purement créatives, affectant directement les choix de projets, la gestion des équipes et le type de jeux que les studios pourront développer.
Andrew Wilson restera PDG et le siège social restera basé à Redwood City, Californie. La continuité de la direction assure une stabilité organisationnelle malgré ce changement de statut. Toutefois, certains studios moins rentables, comme Bioware, pourraient être affectés si l’entreprise se concentre davantage sur ses franchises les plus lucratives et les microtransactions pour rembourser la dette. La participation du PIF au sein du consortium permet à EA de renforcer sa présence sur les marchés émergents du Moyen-Orient. L’opération valorise les actions existantes avec une prime de 25 % par rapport au prix avant les rumeurs de rachat, soit 210 dollars par action.
Avec des licences majeures telles que EA Sports FC, The Sims, Battlefield et Apex Legends, l’éditeur conserve un portefeuille de franchises mondialement reconnu. La privatisation marque un séisme dans le secteur du jeu vidéo, où les grands acteurs historiques deviennent désormais des cibles pour des fonds d’investissement internationaux.
