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TRON : Ares – Nine Inch Nails signe une plongée industrielle dans l’univers numérique

Nine Inch Nails signe une BO sombre et industrielle pour TRON: Ares, entre héritage cyberpunk et audace expérimentale.

Héritière d’une tradition musicale déjà culte, la bande originale de TRON: Ares, composée par Nine Inch NailsTrent Reznor et Atticus Ross – est l’un des événements majeurs de 2025. Sortie en amont du film de Joachim Rønning prévu pour le 8 octobre 2025 dans l’Hexagone, elle prolonge l’histoire sonore d’une franchise qui a toujours fait de sa musique un manifeste esthétique.

Depuis les expérimentations électroniques de Wendy Carlos en 1982 jusqu’à l’électro futuriste de Daft Punk pour TRON: Legacy en 2010, chaque chapitre de la saga a marqué les esprits par une identité sonore singulière. En confiant aujourd’hui la partition à Trent Reznor et Atticus Ross, Disney choisit de donner à l’héritage TRON une continuité plus sombre et industrielle. La promotion du film souligne d’ailleurs ce choix : dans la bande-annonce, le logo NIN surgit en rouge éclatant, souvent plus visible que celui du réalisateur ou même du titre du film.

Une immersion cyber-industrielle

La bande-originale embarque l’auditeur dans un univers fait de nappes synthétiques, de pulsations mécaniques et de textures abrasives. L’ambiance épouse le récit d’Ares, programme d’intelligence artificielle incarné par Jared Leto, et oscille entre atmosphères éthérées et assauts électroniques distordus. Certaines sonorités évoquent les synthés des années 80, clin d’œil discret à Wendy Carlos, mais toujours intégrées dans une esthétique contemporaine.

La démarche privilégie les contrastes : minimalisme hanté d’un côté, explosions saturées de l’autre. Cette tension entre abstraction et agressivité reflète la dualité au cœur du film, entre mondes virtuel et réel.

Quand la Grille prend vie

Le disque, composé de vingt-quatre morceaux, dévoile plusieurs moments forts. ‘As Alive As You Need To Be‘ ouvre l’ensemble avec un souffle hymnique porté par des synthés incisifs. ‘Confession of the Night Owl‘ installe un crescendo hanté et inquiétant. ‘Age of the Protagonist‘ pulse comme un cœur mécanique prêt à exploser. ‘I Know You Can Feel It‘ ramène la voix de Reznor au premier plan, sur un groove hypnotique qui convoque l’esprit des grandes heures du groupe.

La ballade ‘Who Wants To Live Forever ?’, en duo avec Judeline, impose une fragilité rare, contrastant avec la noirceur ambiante. ‘Infiltrator‘ ose un funk robotique où se croisent l’héritage Daft Punk et la patine industrielle de NIN. ‘Shadow Over Me‘ referme l’album sur une inversion sombre et dramatique du thème central. Plus atmosphériques, ‘Ghost in the Machine‘ et ‘Building Better Worlds‘ rappellent les ambiances rétro-futuristes de John Carpenter ou Philip Glass et renforcent la dimension cyberpunk de l’ensemble.

Entre puissance et limites

Si l’album impressionne par son ampleur et son intensité, il n’échappe pas à certaines faiblesses. Le manque de cohésion se fait parfois sentir, certains morceaux paraissant détachés du reste. L’absence d’un thème central immédiatement mémorable empêche la partition de marquer avec la même force que celle de Daft Punk en 2010. Et l’abstraction assumée, parfois poussée à l’excès, risque de dérouter les auditeurs en quête d’un cyberpunk plus direct et fédérateur.

Ces réserves nourrissent une question plus large, jusqu’où Nine Inch Nails a-t-il pu imposer son identité face à l’appareil Disney ? Derrière la patine industrielle et les éclairs de génie, certaines formules éprouvées laissent transparaître le poids du cahier des charges. L’esthétique NIN est bien là, mais parfois lissée, comme domestiquée pour entrer dans le moule de la superproduction.

Sans égaler la fulgurance de TRON: Legacy, TRON: Ares s’impose comme une œuvre à double visage. D’un côté, une plongée sonore ambitieuse et viscérale, confirmant Trent Reznor et Atticus Ross comme des maîtres incontestables de la musique de film contemporaine. De l’autre, une bande originale parfois trop sage, où la puissance industrielle ne suffit pas toujours à masquer l’absence de ce thème inoubliable qui aurait gravé l’album dans l’histoire de la saga.

En héritant d’une franchise façonnée par ses bandes originales, Nine Inch Nails livre une partition impressionnante mais paradoxale, à la fois œuvre d’art et vitrine. Entre héritage assumé et concessions, TRON: Ares prolonge la Grille tout en soulignant la complexité de faire exister une identité musicale forte au sein de l’empire Disney.

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La Rédaction
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