Deux séries cultes, deux morceaux atmosphériques, une même sensation d’alternative : une coïncidence musicale qui interroge les fans de Mr. Robot et Dark.
Les amateurs de séries et de musiques d’ambiance reconnaîtront peut-être cette étrange proximité : à partir de 1 min 33 dans ‘413.1 You Are Not Him‘ (Mr. Robot, saison 4) et de 1 min 27 dans ‘Alles Ist Miteinander Verbunden‘ (Dark, cycle 1), les deux compositions évoquent des univers sonores troublants, presque jumeaux. Sans être identiques, ces morceaux partagent un ADN émotionnel, une tension sourde, une lente montée en intensité – comme si leurs compositeurs respectifs traduisaient une idée semblable à travers des langages musicaux presque parallèles.
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Mac Quayle, compositeur acclamé pour son travail sur Mr. Robot, dévoile ‘413.1 You Are Not Him‘ uniquement dans les deux derniers épisodes de la série, où le personnage principal Elliot semble plonger dans une réalité alternative provoquée par le projet de Whiterose. Ce projet démentiel, alimenté par une machine dissimulée sous une centrale nucléaire, promet un monde sans regrets ni souffrances. Pendant un court instant, Elliot (Rami Malek) croit que cet autre monde existe vraiment. Ce basculement dans l’illusion fait résonner le morceau d’une façon particulière, on entend dans ses nappes sonores une désorientation, une perte de repères, un entre-deux monde.
De son côté, Ben Frost, maître du sound design atmosphérique, compose ‘Alles Ist Miteinander Verbunden‘ pour la première saison de Dark, série allemande centrée sur les paradoxes temporels et les réalités entremêlées. La musique évoque elle aussi des frontières floues, un vertige face à l’inexpliqué. Frost fait appel à des textures sonores denses, à des motifs rythmiques hypnotiques, pour illustrer la confusion des personnages perdus dans une boucle temporelle.
La coïncidence sonore ne s’arrête pas à l’ambiance. À la minute précise mentionnée, les deux morceaux adoptent une progression harmonique semblable. Les couches électroniques se superposent avec la même lenteur mesurée, presque cérémoniale. Pourtant, les deux compositeurs proviennent de parcours distincts, avec des influences très différentes. Mac Quayle vient du milieu de l’électro et du cinéma, Ben Frost des arts expérimentaux et de la scène contemporaine. Et pourtant, chacun choisit une forme musicale similaire pour représenter une rupture dans le réel.
Il ne s’agit pas ici d’un plagiat, mais plutôt d’un écho créatif. La musique de Mr. Robot, diffusée après la sortie de la première saison de Dark, pourrait avoir intégré inconsciemment cette esthétique. Ou bien, les deux compositeurs, plongés dans des récits qui explorent des dimensions parallèles, ont instinctivement utilisé un vocabulaire musical convergent pour évoquer une idée universelle : celle d’un monde autre, semblable mais différent, un reflet déformé de notre propre réalité.
En quelques notes, Dark et Mr. Robot nous rappellent que tout est peut-être connecté – même ce que l-on croit séparé.
