De Tony Scott à Joseph Kosinski, retour sur sept films qui ont porté l’univers de la course et du sport automobile sur grand écran.
De Hollywood aux productions françaises, le cinéma a souvent tenté de capturer l’intensité des courses automobiles. Chaque film explore à sa manière les coulisses d’un univers marqué par la vitesse, les rivalités, les sacrifices et parfois les excès de ses protagonistes. Certains s’inspirent de faits réels, d’autres s’appuient sur des bandes dessinées ou des jeux vidéo… Voici une sélection de sept films, sortis entre 1990 et 2023, qui illustrent les différentes approches cinématographiques du sport automobile.
Days of Thunder (1990)
Réalisé par Tony Scott et produit par le duo Don Simpson et Jerry Bruckheimer, Days of Thunder met en scène Tom Cruise dans le rôle de Cole Trickle, jeune pilote ambitieux, accompagné par Nicole Kidman, Robert Duvall et Michael Rooker. Le film reprend une structure proche de Top Gun (1986), transposée dans l’univers de la NASCAR. Bien que pure fiction, certains éléments sont directement inspirés de la carrière des pilotes Tim Richmond et Geoff Bodine, comme les rivalités, des scènes de dépassement ou encore des anecdotes vécues dans les paddocks. Le tournage, particulièrement coûteux, fut marqué par des tensions créatives, Tom Cruise et Tony Scott ayant parfois improvisé autour d’un scénario en constante réécriture.
De quoi ça parle ? : Cole Trickle (Tom Cruise), talentueux mais inexpérimenté, rejoint l’écurie du propriétaire Tim Daland (Randy Quaid). Encadré par le chef mécanicien Harry Hogge (Robert Duvall), il doit faire ses preuves sur les circuits NASCAR, où il se heurte au champion Rowdy Burns (Michael Rooker). Sa carrière est bouleversée après un grave accident qui le contraint à affronter ses peurs, tandis que sa relation avec la neurologue Claire Lewicki (Nicole Kidman) lui permet de retrouver confiance.
Pourquoi il faut regarder ? : À sa sortie, le film a reçu des critiques partagées, beaucoup jugeant son intrigue trop proche de Top Gun. Cependant, il a rencontré un succès public, notamment auprès des spectateurs américains passionnés de NASCAR, et a depuis acquis une valeur de référence dans les films de sport automobile. Des séquences entières reprennent des épisodes réels de l’histoire de la NASCAR, renforçant l’intérêt pour les fans.
Le film est aussi connu pour avoir introduit la marque Mello Yello (Coca-Cola), qui devint sponsor officiel en NASCAR par la suite. Quentin Tarantino a lui-même qualifié Days of Thunder de « grand film de course ».
Driven (2001)
Avec Driven, Renny Harlin retrouve Sylvester Stallone après Cliffhanger. À l’origine, Sly souhaitait écrire un film sur la Formule 1, ayant même approché les organisateurs en 1997, mais le projet échoua faute d’accord. Le scénario fut alors transposé dans l’univers du championnat CART, qui permit au tournage de se dérouler sur des circuits réels, notamment à Toronto et dans d’autres villes accueillant la discipline. Sylvester Stallone, également scénariste, s’inspira de sa propre carrière pour construire le personnage de Joe Tanto, un vétéran en perte de vitesse rappelé pour encadrer un jeune pilote. La production connut de nombreuses réécritures, réduisant considérablement le rôle de Sly au montage final.
De quoi ça parle ? : Jimmy Bly (Kip Pardue), jeune prodige du circuit CART, subit une pression médiatique et psychologique croissante. L’écurie fait appel à Joe Tanto (Sylvester Stallone), ancien pilote marqué par un accident et un divorce douloureux, pour l’encadrer. Les tensions s’accentuent entre Jimmy et son rival Beau Brandenburg (Til Schweiger), alors que l’ambition, l’argent et les drames personnels influencent la saison.
Pourquoi il faut regarder ? : Le film fut un échec critique et commercial, ne rapportant que 32 millions de dollars pour un budget de 72 millions. La critique reprocha ses personnages superficiels, ses effets numériques peu convaincants et un scénario décousu. Toutefois, les scènes de course tournées en conditions réelles et donnent un aperçu rare sur l’univers du CART au début des années 2000, une discipline disparue en 2008 après sa fusion avec l’IndyCar.
Aujourd’hui, Driven est davantage étudié pour son contexte de production que pour sa réussite artistique. Sylvester Stallone lui-même a reconnu qu’il regrettait le résultat final.
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Michel Vaillant (2003)
Adapté de la bande dessinée créée par Jean Graton, Michel Vaillant est réalisé par Louis-Pascal Couvelaire et met en vedette Sagamore Stévenin dans le rôle du pilote français, aux côtés de Jean-Pierre Cassel, Jean-Pierre Martins, Diane Kruger et Pierre Richard. Le film fut en partie tourné lors des 24 Heures du Mans 2002, où deux véritables voitures engagées par l’écurie DAMS furent intégrées à la course afin d’assurer un rendu réaliste. Des scènes additionnelles furent filmées sur les circuits de Magny-Cours et du Mas du Clos. L’ambition était de transposer à l’écran un univers populaire de la BD, mais le résultat, jugé trop publicitaire et esthétisant, fut mal accueilli par la critique. Malgré une campagne marketing soutenue, il n’a pas atteint le million d’entrées en France.
De quoi ça parle ? : Michel Vaillant (Sagamore Stévenin) et son écurie familiale, la Team Vaillante, affrontent une équipe rivale, les Leader, durant les 24 Heures du Mans. Au-delà de la compétition, le film introduit des intrigues personnelles, comme la présence de Julie Wood (Diane Kruger), pilote qui croise son destin avec celui de Michel, ainsi que des rivalités exacerbées par Bob Cramer (Jean-Pierre Martins), figure agressive de l’équipe adverse.
Pourquoi il faut regarder ? : Si le film n’a pas convaincu une large partie du public, il a pour lui de vraies images de course filmées dans les conditions réelles du Mans, un fait rare au cinéma. La bande originale, composée par le groupe britannique Archive, constitue un élément marquant, répartie sur deux albums sortis en 2003, dont l’un contient des morceaux instrumentaux composés pour renforcer la tension dramatique. Enfin, le film illustre un pan de la culture populaire française, celle des albums de Michel Vaillant, publiés depuis les années 1950 et traduits dans plusieurs langues.
Rush (2013)
Réalisé par Ron Howard, Rush retrace l’affrontement entre James Hunt (Chris Hemsworth) et Niki Lauda (Daniel Brühl) lors de la saison 1976 de Formule 1. Le scénario de Peter Morgan s’appuie sur les faits réels tout en prenant certaines libertés dramatiques. Le tournage eut lieu au Royaume-Uni, en Allemagne et en Autriche, sur des circuits historiques tels que Brands Hatch, le Nürburgring et Cadwell Park. Pour les besoins du film, des répliques de voitures de l’époque furent construites et utilisées aux côtés de modèles authentiques. La musique, composée par Hans Zimmer, mélange orchestral et morceaux rock des années 1970, renforçant le contexte d’époque.
De quoi ça parle ? : Le film suit l’ascension parallèle de James Hunt (Chris Hemsworth), pilote britannique charismatique et imprévisible, et de Niki Lauda (Daniel Brühl), autrichien méthodique et perfectionniste. Leur rivalité culmine lors de la saison 1976, marquée par l’accident de Lauda au Nürburgring, où il survit malgré de graves brûlures, et par le duel final au Grand Prix du Japon sous une pluie torrentielle.
Pourquoi il faut regarder ? : Rush a connu un large succès critique et commercial, récoltant près de 100 millions de dollars pour un budget estimé à 38 millions. Le film a été salué pour la justesse de son récit, apprécié même par Niki Lauda, qui reconnut l’authenticité de l’œuvre malgré quelques exagérations, notamment autour de sa relation avec Hunt. Les séquences de course filmées de manière réaliste et le jeu des acteurs ont été particulièrement remarqués. La presse spécialisée en sport automobile a souligné la fidélité à l’époque, avec une représentation équilibrée de la passion, du danger et des sacrifices liés à la discipline.
Ford v Ferrari (2019)
Réalisé par James Mangold, Ford v Ferrari revient sur la rivalité entre Ford et Ferrari autour des 24 Heures du Mans dans les années 1960. Le projet avait été longtemps envisagé par 20th Century Fox, avec initialement Tom Cruise et Brad Pitt pressentis. Après plusieurs réécritures, Mangold reprend le film en 2018 avec Matt Damon et Christian Bale dans les rôles principaux, accompagnés de Caitríona Balfe, Jon Bernthal et Tracy Letts. Tourné aux États-Unis, en France et sur plusieurs circuits, le film reconstitue les ateliers Ford de l’époque ainsi que les gradins et stands du Mans à l’Agua Dulce Airpark en Californie. La bande originale est signée Marco Beltrami, collaborateur régulier de James Mangold.
De quoi ça parle ? : L’ingénieur Carroll Shelby (Matt Damon) et le pilote Ken Miles (Christian Bale) sont recrutés par Henry Ford II (Tracy Letts) et son équipe pour construire une voiture capable de battre Ferrari aux 24 Heures du Mans 1966. Le film suit leur collaboration, leurs désaccords avec la hiérarchie de Ford et le parcours de Miles, déterminé à prouver sa valeur sur la piste.
Pourquoi il faut regarder ? : Le film a rapporté plus de 225 millions de dollars dans le monde pour un budget d’environ 100 millions. Il a séduit aussi bien le grand public que la presse grâce à son mélange d’action mécanique et de portrait humain. Les critiques ont souligné la performance de Christian Bale, ainsi que les séquences de course filmées avec un réalisme immersif. Ford v Ferrari a reçu plusieurs nominations aux Oscars et remporté deux prix techniques, pour le montage et le montage sonore.
Gran Turismo (2023)
Réalisé par Neill Blomkamp, Gran Turismo est inspiré de la franchise vidéoludique de Polyphony Digital, mais surtout de l’histoire réelle de Jann Mardenborough, jeune joueur devenu pilote professionnel grâce à la GT Academy. Produit par Sony Pictures et PlayStation Productions, le film met en avant Archie Madekwe dans le rôle de Mardenborough, accompagné de David Harbour en mentor et Orlando Bloom en responsable marketing. Le tournage a eu lieu en Hongrie en 2022, avec Jann Mardenborough lui-même comme cascadeur et conseiller technique. Les scènes de course ont été filmées à l’aide de caméras miniaturisées placées à l’intérieur des voitures, pour capter des angles inédits. La bande originale est composée par Lorne Balfe et Andrew Kawczynski.
De quoi ça parle ? : Jann Mardenborough (Archie Madekwe), passionné de jeux vidéo, remporte une compétition Gran Turismo organisée par Nissan et Sony. Grâce à un programme de formation, il devient pilote professionnel et se confronte à la réalité de la course, bien plus exigeante et dangereuse que la simulation. Le récit couvre son ascension jusqu’aux 24 Heures du Mans et revient sur le grave accident dont il fut victime au Nürburgring en 2015.
Pourquoi il faut regarder ? : Le film a récolté plus de 120 millions de dollars dans le monde, avec une réception critique partagée. Les courses, tournées avec une approche technique proche des standards de la compétition réelle, ont été saluées pour leur efficacité visuelle. La participation directe de Jann Mardenborough en tant que cascadeur renforce l’authenticité du projet. Toutefois, le choix d’intégrer son accident du Nürburgring – où un spectateur trouva la mort – a suscité des critiques sévères, certains jugeant cette utilisation déplacée.
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F1 (2023)
Réalisé par Joseph Kosinski et produit par Jerry Bruckheimer pour Apple Studios, F1 est la première grande superproduction hollywoodienne centrée sur la Formule 1 contemporaine. Brad Pitt incarne Sonny Hayes, un ancien pilote qui revient en piste, Damson Idris interprète Joshua Pearce, son coéquipier plus jeune. Lewis Hamilton, septuple champion du monde, est producteur et a supervisé la fidélité du film à l’univers du sport. Le budget, estimé entre 200 et 300 millions de dollars, en fait l’un des films les plus coûteux de l’histoire d’Apple. Le tournage s’est déroulé sur de nombreux circuits officiels (Silverstone, Spa-Francorchamps, Monza, Zandvoort, Suzuka, Las Vegas ou encore Yas Marina) avec l’utilisation de monoplaces adaptées issues de la Formule 2 et modifiées par Mercedes Applied Science pour ressembler à des F1.
De quoi ça parle ? : Sonny Hayes (Brad Pitt), pilote vétéran, sort de sa retraite pour rejoindre l’écurie fictive APXGP. Il prend sous son aile Joshua Pearce (Damson Idris), jeune espoir du championnat, dans un contexte où l’équipe lutte pour rivaliser avec les grandes structures du paddock. Le film met en avant leur relation, les difficultés internes de l’écurie et la confrontation avec l’exigence extrême de la Formule 1 moderne.
Pourquoi il faut regarder ? : F1 a connu un fort succès commercial, dépassant les 600 millions de dollars de recettes mondiales et devenant le plus grand succès de Brad Pitt au box-office. Le film a été largement salué pour ses séquences de course tournées en conditions réelles, avec des caméras embarquées miniaturisées développées spécifiquement pour l’occasion. La bande originale signée Hans Zimmer et Steve Mazzaro renforce le ton spectaculaire, avec une approche hybride mêlant orchestre et électronique. Si la critique spécialisée en sport automobile a souligné certaines incohérences et stéréotypes narratifs, le film reste remarquable pour son immersion technique et visuelle dans l’univers de la Formule 1, bénéficiant d’un accès sans précédent aux infrastructures officielles et aux Grands Prix.
Vers une suite de Days of Thunder ?
Après la sortie de F1, Joseph Kosinski a évoqué à Collider son projet rêvé de réunir Brad Pitt et Tom Cruise dans un film croisant l’univers de F1 et celui de Days of Thunder. L’idée consisterait à faire revenir Cole Trickle (Tom Cruise), personnage central du film de 1990, face à Sonny Hayes (Brad Pitt). Kosinski expliquait imaginer un passé commun entre les deux pilotes, marqués par une rivalité ancienne.
Cette idée de crossover est apparue alors que Tom Cruise était déjà en discussions pour une véritable suite à Days of Thunder, développée en parallèle de Top Gun 3. Le projet n »a pas encore été officialisé par les studios, mais il ne serait pas surprenant de revoir les deux stars réunies à l’écran. Tom Cruise est d’ailleurs apparu à l’avant-première de F1 aux côtés de Brad Pitt. Les deux acteurs n’ont pas partagé l’affiche depuis 1994 avec ‘Entretien avec un vampire‘. Ils avaient failli se retrouver sur ‘Ford v Ferrari‘ avant que les rôles de Carroll Shelby et Ken Miles ne soient finalement attribués à Matt Damon et Christian Bale.
