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[CRITIQUE] Code Momentum : AfricaCorp ou les obsédés du mauvais cul

Code Momentum est la première réalisation de Stephen S. Campanelli – surtout connu pour être un steadicamer de talent et le cadreur attitré de Clint Eastwood. Dans ce film tourné en Afrique du Sud jouent Olga Kurylenko et Morgan Freeman.

Je vous laisse découvrir le synopsis du dossier de presse :

« Alex Farraday, l’une des meilleures braqueuses du monde, sort de sa retraite pour effectuer un dernier casse et s’emparer de précieux diamants. Lorsque son visage est accidentellement révélé pendant l’opération, elle est contrainte de fuir la ville. Elle devient la cible de la CIA et d’une organisation criminelle internationale, prête à tout pour la faire disparaître. Il ne s’agit pas que de
diamants, mais Alex l’ignore encore.
Alors qu’ils doivent la neutraliser par tous les moyens, les adversaires d’Alex réalisent rapidement qu’elle est la proie la plus dangereuse qu’ils n’aient jamais traquée…
»

Oui, ça pique. Mais cela résume excellemment bien le film : un scénario digne d’un jeu de cour d’école porté à l’écran de la manière la plus putassière qu’il soit. Tout concourt à rendre les personnages artificiellement dantesque (la meilleure braqueuse du monde, le plus méchant sénateur des États-Unis, le vilain le plus cruel, les agences d’espionnage les plus vicieuses). Mais à part distribuer des qualificatifs infantilisant, le scénario s’arrête là : aucun de ses superlatifs n’apparaît à l’écran.

Ce que le spectateur courageux verra devant Code Momentum, c’est un défilé navrant de tout ce qu’un film ne doit pas être. Cela ressemble à une production de l’écurie Besson, mais avec un goût de pisse encore plus prononcé.
Le film sortira uniquement en VOD, et pour cause.

Y’a comme un arrière goût…

C’est infect. Rien dans ce film n’est à sauver : le scénario est profondément débile et grotesque, oscillant entre de longues explications insupportables et des raccourcis divers et variés. Le film n’hésitera par ailleurs jamais à se foutre ouvertement de la gueule du spectateur en multipliant les incohérences et les passages d’une bêtise morbide (la scène de l’interrogatoire à l’étau repousse les limites du ridicule par un interminable catalogue de dialogues faussement truculents). La recette idéale pour camper des personnages parfaitement vides qui vont abrutir le spectateur de phrases chocs au kilomètre. Tant et si bien que les protagonistes semblent avoir pour seule fonction de vomir de la punchline. Pire, le dialogue servira à tenter de combler les innombrables incohérences et inaptitudes scénaristique (absence d’enjeux, motivations brumeuses, personnages absolument pas crédibles, etc.).

Atroce ? Oui, mais ce n’est pas fini. C’est aussi tourné et monté sans prendre en compte que l’œil du spectateur pourrait fatiguer après 15 minutes de cet abject clip de Gangsta Rap tourné par le petit frère craqueux de Michael Bay. Le film ne montre pas une action pour servir une histoire, il se complet à collectionner des images. Résultat les plans sont pour moitié inutiles, se limitant à styliser vulgairement tout et n’importe quoi. Quant à l’autre moitié, je m’en serai tout aussi bien passé.
A chaque plan, on peut ressentir l’envie du cinéaste de faire un film couillu, de s’offrir son petit Transporteur à lui tout seul. Cependant, ses inspirations sont tellement évidentes qu’il semble réciter ad nauseam une leçon apprise par cœur sans avoir été comprise. C’est du Bay-sson avec un look de DTV fauché (malgré un budget de 20 000 000 de dollars…). A côté Uwe Boll passerait sans problème pour le nouveau John Ford.

Mauvais cul

Code Momentum semble faire partie de cette nouvelle vague de films accouchés par des cinéastes biberonnés au film d’action musclé ; des graines de cinéphiles nourries à coup de Shane Black, McT, John Woo voire Michael Bay qui sont maintenant en mesure de nous faire profiter de leur passion au travers de leurs longs métrages. Cependant il semblerait qu’il y ait eu un quiproquos ; au moment de l’ingestion de leurs inspirations, l’essentiel n’est pas passé : le besoin d’une narration solide.
A la place, cette nouvelle génération n’a qu’une obsession : le badass. Il faut faire un film badass. Avec des personnages badass. Et des cascades badass. Et des bagnoles badass.

Badass ?

Badass (littéralement « mauvais cul ») c’est cette envie de faire un film stylisé, ouvertement pompé sur de l’existant, avec des personnages poseurs et une pornographie de l’action.
Badass c’est de la violence gratuite, des armes, des explosions et surtout des lignes de dialogues qui sentent la fin de soirée à la bière triple fermentation.
Badass c’est vouloir faire du cinéma américain à tout prix en oubliant que chaque cinéma est façonné par l’identité culturelle et visuelle du pays dont il provient (cf. Antigang et ses petits copains).
Badass ça veut dire se regarder le nombril jusqu’à le confondre avec la face caché de la lune.

Cette nouvelle vague – la vague des « mauvais culs » – qui veut à tout prix nous vendre ses divertissements d’action « cool » ou « badass », s’est contentée de retirer toutes les qualités de ses gourous (la narration millimétré, l’humour rythmé, les détournement d’archétypes) pour n’en garder qu’une idée simpliste. En résulte un mouvement cinématographique, parodie de son modèle, qui s’affranchit complètement du spectateur allant, pensant faire du fan service, jusqu’à le prendre de haut, voire le mépriser. Regarder Code Momentum (ou l’un de ses pairs) c’est comme regarder Narcisse s’adonner à un plaisir solitaire.

Mais que diable allait-il faire dans cette galère ?

Après la vision de Code Momentum, je n’ai aucun doute : ce film est infâme et inquiétant. Inquiétant car il semble n’être que les prémices d’une nouvelle génération de cinéastes qui n’ont rien a dire et ne savent pas comment le montrer.

Subsistent toutefois deux questions :

#1 comment Morgan Freeman s’est-il retrouvé à jouer un second rôle là dedans ? (indice : la réponse est sur la page imdb du film).

#2 pourquoi l’Afrique du Sud ? Code Momentum est une coproduction Américano-Sud Africaine. Mais rien ne justifie la localisation de l’action dans ce dernier pays, tout se passant en intérieur ou dans des lieux sans identité (aéroport, ruelle sombre, entrepôt…).

Enfin, on n’est plus à ça près…

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Colin
Colin
Chroniqueur graphique névrosé, passionné de cinéma de bourrinage vidéo-ludique et de Russ Meyer.

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