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[CRITIQUE] Nos pires voisins 2 : Tout est une copie, d’une copie d’une copie

Cette tendance, très Hollywoodienne au demeurant, de réaliser qu’un film a la capacité de devenir une franchise, ne laisse que rarement entrevoir de vraies surprises.

Il suffit en fait de dénicher l’élément perturbateur interchangeable du premier film, et d’en installer un nouveau, toujours plus fort et percutant.

Dans ce cas précis, l’on nous servait dans le premier opus une confrérie masculine bien écervelée, et dans le deuxième une sororité de jeunes filles en pleine révolution hystéro-féministe. D’ailleurs l’un des running-gag du film consistera à répéter qu’ « Elles » sont pires ! Au point que Zac Efron lui-même, pourtant leader de la confrérie du premier, décide lui aussi de passer dans le rang des « vieux ».

Tradition d’une mythologie populaire

Là où les Américains sont devenus les plus forts dans le registre comique populaire, c’est bien dans leur façon d’entretenir des lignes temporelles très fluides au sein des franchises. Un soin réel est en effet accordé au temps qui passe, au devenir des personnages, aux tranches de vie dans lesquels ils s’apprêtent à entrer ou sortir.
La série des American Pie en particulier avait réussi à penser de manière très sensible cette donnée, qui trouvait son apothéose dans l’opus final, le quatrième, qui n’était au fond rien d’autre qu’un remake du premier, à la différence que chaque lieu, et chaque situation, devenait une madeleine de Proust.
Le fond de la comédie s’appuierait sur ce devenir humaniste là, ce capital sympathie, d’aller voir des personnages vieillir (voire mourir parfois), sous le regard optimiste et bienveillant de la comédie.

Dans nos pires voisins 2, c’est cette même entreprise qui semble en action.
Stella, la fille des Radner, a bien grandi et d’ailleurs la maman (Rose Byrne) est enceinte d’un deuxième enfant. Du côté des jeunes fêtards qui venaient tourmenter le quotidien des Radner dans le premier épisode, tous semblent avoir bien changé : certains se sont mis en couple, tous travaillent, et les soirées dantesques se sont transformées en de sages petites réunions autour d’une bière.

Tous semblent s’être résolus à devenir adultes, excepté Zac Efron – qui est d’ailleurs physiquement étonnant depuis quelques temps, tant son allure est une étrange combinaison de petit garçon-star et de trentaine apparente. Dans son évolution dans la série, il fait d’ailleurs étrangement penser au personnage de Steve Stifler de American Pie, cet archétype hyper populaire au temps des orgies festives, mais pour qui le temps des factures et des engagements ne lui réussit guère, au prix d’une terrible solitude , ainsi que d’une quête de reconnaissance perpétuelle. C’est d’ailleurs le meilleur personnage du film, tant son incertitude et sa difficulté à choisir un « camp » parviennent à le rendre parfois touchant (en témoigne une scène assez réussie, où le jeune homme dort comme un bébé, dans la chambre de la petite Stella).

Mais ce personnage transitoire, qui aura le mérite de profiter des bienfaits de chaque clan (les jeunes et les vieux) fera figure d’exception dans le film, tant tous les autres semblent bâtir ensemble une grande arche des stéréotypes.

Humour du recyclage

Cette difficulté à générer de la densité autour d’un personnage est de loin la plus grande faille du film, qui n’arrive jamais à nous faire croire une seconde aux drames, ou aux joies traversées d’un bout à l’autre. Tous semblent en effet enfermés à double tour derrière une façade bouffonne, hystérique et sur-signifiante. De Rose Byrne, la mère lunaire en hyper-ventilation constante, à Seth Rogen en caricature de Seth Rogen (fumeur de weed, addict à la junk-food et culture méta-geek), en passant par une Chloë Grace Moretz girly-féministe-guerrière-Poly-Pocket, figure qu’elle incarne en boucle depuis Kick-Ass, tout ce que cherche à construire Nos Pires Voisins 2 se base autour de clichés, mais dont paradoxalement il suffirait de se moquer pour en annihiler toute forme de grotesque.
C’est un peu le drame du cinéma populaire du moment, où chaque réplique drague le quatrième mur, où n’importe quel poncif est étalé, sous prétexte qu’il est consciemment identifié par le film comme tel.

Un film comme Deadpool saura témoigner de cette morbidité là, le succès et l’hilarité qu’il aura pu susciter vont dans le sens d’une certaine lassitude du spectateur, dont la capacité à croire à une histoire s’étiole toujours davantage.

C’est ce qui fera la différence avec une série de films comme American Pie, où même les opus les moins convaincants prenaient le risque de croire à chaque figure que l’on croisait – une forme de premier degré comique en somme – un peu comme chez John Hugues et son Breakfast Club, qui se permettait de basculer du Teen-Movie au drame humain, au détour d’un plan.

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Arthur
Arthur
Chroniqueur lunaire et fervent croyant aux forces primitives du cinéma, il considère l'expérience d'un film comme un voyage à l'intérieur du cerveau de son créateur.

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