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[CRITIQUE] My Skinny Sister : Ma sœur se met les doigts pour vomir

My Skinny Sister est un film germano-suédois de Sanna Lenken avec Rebecka Josephson et Amy Deasismont.

Stella est une jeune fille de 12 ans, rondelette et rigolarde. Comme tout le monde, elle admire sa sœur Katja, une adolescente svelte qui s’investit totalement dans le patinage artistique. Derrière son corps élancé et son obsession pour l’entraînement, Katja cache un « secret » que sa petite sœur va percer à jour. La complicité entre les deux sœurs va alors être mise à rude épreuve et Stella va commencer à questionner ce qu’elle prenait pour acquis.

J’ai pris la liberté de mettre « secret » entre guillemet, car au vu de la thématique du film, ledit « secret » est plutôt éventé. En effet, au travers de la complicité qui unis ces deux sœurs fort différentes, c’est des troubles de l’alimentation dont traite le film ; plus précisément l’anorexie.

L’innocence ébranlée

Loin de se lancer dans un film plombant, Sanna Lenken choisit l’angle de la comédie dramatique. Ainsi c’est au travers des yeux de la pétillante Stella que nous allons découvrir l’anorexie de Katja. Cela permet d’évoquer la maladie d’une manière innocente, avec un point de vue qui découvre et ne juge pas. Contrairement à celui des parents, d’abord trop occupés par leur routine.

La cellule familiale dépeinte est plutôt banale. Même si elle joue un rôle prépondérant, le regard de la réalisatrice se concentre plutôt sur la relation entre les deux sœurs. Le fait que Stella prenne sa grande sœur pour modèle, donne aux agissements de Katja une gravité considérable.

Dans un premier temps complice, le point de vue de Stella est innocent et semble traversé de lumière. Puis, à mesure que le temps passe, elle va grandir ; c’est-à-dire qu’elle va faire l’expérience de la vie (découvrir les garçons, se raser, faire des erreurs, etc…). Et dans cet instant fragile où s’amorce le passage à l’âge adulte, son modèle va se révéler sous un autre jour. Sa sœur qu’elle admirait tant va se comporter de plus en plus étrangement. Si les parents (surtout le père) tendent à pondérer les excès de leur aînée « parce qu’elle est sous pression », les troubles de Katja n’en auront que plus d’impact sur sa petite sœur. C’est la faillibilité de son modèle qui va élimer l’innocence de Stella, son petit monde s’écroule à mesure que sa sœur sombre dans l’anorexie.

Intelligente humilité

C’est donc dans une comédie dramatique sans grande originalité que le sujet de l’anorexie est abordé. Mais en faut-il vraiment, de l’originalité ? C’est dans cette banalité que réside toute la puissance du film : il n’y a dedans aucune péripétie extraordinaire, aucun personnage héroïque, uniquement des gens moyens vivant une vie moyenne. De ce fait, l’authenticité de la cellule familiale qui se fragilise face aux troubles alimentaires de l’aînée permet d’y réserver un impact considérable. Les troubles de l’alimentation concernent tout le monde et doivent être pris au sérieux.

Si le film évoque, il ne se transforme pas en spot de sensibilisation, ni en manifeste moralisateur. Il raconte la vie d’une famille banale qui doit faire face à l’anorexie de l’un de ses membres.
Loin de tout misérabilisme et de toute caricature, Sanna Lenken laisse toute la place nécessaire à son sujet. Elle sait s’effacer sans se faire suffoquer : sa mise en scène n’est jamais putassière. En fait, elle est douce comme un été indien – je me permets une telle métaphore, car le film est éclairé d’une lumière chaude et souvent rasante.

Pour autant, l’humilité de My Skinny Sister est autant sa force que sa faiblesse. Le film ne vient pas chercher le spectateur, il est bien trop timide pour cela. Même si ses enjeux sont forts, les rebondissements ne sont pas flamboyants, les protagonistes vivent leurs vies médiocres (les mêmes vies que nous vivons) et il n’y a pas de retournement de situation haletant ni de twist final. De la même façon le ton n’est pas ouvertement décalé contrairement à ce que nous vend l’affiche (« la cousine scandinave de Little Miss Sunshine »). C’est donc au spectateur de se glisser dans le film et de se laisser aller aux côtés de ces deux magnifiques actrices.

Mais ce serait dommage de ne pas faire l’effort car My Skinny Sister est magnifiquement mis en image, avec une proximité physique des protagonistes. Et c’est très touchant.

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Colin
Colin
Chroniqueur graphique névrosé, passionné de cinéma de bourrinage vidéo-ludique et de Russ Meyer.

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