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[CRITIQUE] Le retour du détective Dee-gital

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Tsui Hark revient sur grand écran avec un nouvel épisode de Détective Dee, personnage inspiré du héro de littérature « Juge Ti ».

Doté d’impressionnantes capacités de déduction, Dee doit ici résoudre le mystère du dragon des mers, une grosse bébête qui coule les navires de la flotte impériale. Pour apaiser le monstre le peuple veut sacrifier une courtisane. Tout aussitôt, divers manants virevoltants tentent d’enlever la prostituée (une courtisane qui habite dans une maison close, voilà qui laisse peu de doutes sur ce qu’elle courtise…). Comme si cela ne suffisait pas, la belle est aussi la cible d’une créature qui n’est pas sans rappeler celle du lac noir.
Un sacré défi pour notre Sherlock chinois.

Alors en fait, oui… mais non. Là où Sherlock est sombre, profondément humain et roi de la déduction, Dee est adepte de la pantalonnade fanfaronne et des raisonnement abscons.
Malgré son apparente complexité, l’intrigue n’en demeure pas moins simpliste et outrancièrement manichéenne. Ainsi les gentils sont très très gentils et les méchants très très méchants. Le bien n’a pas de défaut, pas de part d’ombre, et le mal ne souffre d’aucune compassion. Ainsi l’enquête se limite à remonter quelques improbables piste vers le vilain de service, pour contrecarrer ses plans de domination globale (sic). Rien d’excitant, puisque – manichéisme oblige – lesdits méchants sont aisément identifiable : c’est comme qui dirait « écrit sur leur gueule ».

Cela n’empêchera pas certains spectateurs de voir au delà d’un scénario limité et dual. En effet, cette fable porte en elle les traces de valeurs qui, dans le cinéma occidental, sont rarement véhiculées avec autant de ferveur. Le trait est appuyé et ne souffre aucune ambiguïté : l’héroïsme à toute épreuve des gentils ne s’exprime qu’en ce que l’individu s’efface devant la collectivité. Ils agissent en total renoncement de leurs intérêts personnels et ne font que servir une cause supérieure : l’empire. La légitimité des décisions de la hiérarchie, quand bien même plus que douteuse, ne sera jamais remise en question.
De l’autre côté du miroir, le mal est incarné par son égoïsme sans borne. Les desseins des méchants n’ont que faire de la collectivité, qui n’existe que comme un outil pour servir les plans maléfiques du chef.
Évidemment, le bien triomphe du mal : la collectivité surpasse l’individu.

Un poil propagandiste ? Ça se pourrait bien ; sans pour autant que cela constitue un frein au spectacle. Simplement, le film semble bien plus calibré pour un public Chinois. Si le manichéisme ne constitue pas un obstacle à votre appétit de spectateur, alors l’aspect patriote du film ne fera que vous effleurer.

Ce que vous vous prendrez en plein museau en revanche, c’est la débauche plans numériques. Le film repose quasi intégralement sur des effets générés par ordinateur. Si cela permet à Tsui Hark de créer une mise en scène virtuellement sans limite, l’aspect froid et désincarné du digital ne pardonne pas. Nombreuses sont les scènes où je me suis senti brutalement rappelé à la réalité ; la trop forte présence de plans synthétiques tend à mettre fin à la suspension de l’incrédulité de façon ponctuelle. En pleine de scène de combat, PAF ! au lieu d’avoir des frissons, une montée d’adrénaline et les testicules qui frétillent, je me retrouve soudainement assis comme un con dans mon fauteuil de cinéma à regarder un écran.

En ce qui me concerne, cette overdose d’écrans verts incarne clairement les frontières de mon plaisir de cinéphile. Mais il s’agit d’un avis subjectif (pléonasme). Cela ne retire rien au fait que, dans toute son imperfection, le film incarne les délires visuels d’un cinéaste fort talentueux. Il n’appartient qu’à vous de savoir si vous pourrez supporter deux heures et demie de blanc contre noir et d’images de synthèses pas toujours de très bon goût. Moi, je m’en serais bien passé.

Réalisé par Tsui Hark, « Detective Dee II : La Légende du Dragon des Mers » est attendu sur nos écrans pour le 6 aout 2014 avec Mark Chao, William Feng et Carina Lau.

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Colin
Colin
Chroniqueur graphique névrosé, passionné de cinéma de bourrinage vidéo-ludique et de Russ Meyer.

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