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[CRITIQUE] Cobain : Putain de montage

NE LISEZ PAS LA CRITIQUE, ALLEZ PLUTÔT VOIR LE FILM !

Tout à été dit sur le leader de Nirvana. Tout, et surtout n’importe quoi.

Devenu une véritable icône en un temps record, Kurt Cobain a été l’objet de toutes les attentions – et continue de l’être plus de 20 ans après sa mort. Les biopics, biographies, documentaires, articles de presse et autres torchons voyeurites n’ont jamais manqué et ne tarissent pas.

En n’étant rien d’autre que lui même, le jeune Kurt s’est retrouvé catapulté porte parole d’un mal être qui traverse les générations. Lui consacrer un documentaire, c’est exposer une icône, mettre Jésus à nu pour voir ce qu’il y a dedans.

Putain de montage

Cobain : Montage of Heck, n’est ni plus ni moins qu’une plongée dans l’esprit de l’artiste. A aucun moment, le documentaire ne prétend détenir LA vérité ; il n’en présente qu’une version, celle de Kurt Cobain, éclairée par l’intervention de quelques un de ses proches. Dont Courtney Love.

Que le fan méfiants se rassurent, la veuve n’a eu aucun pouvoir éditorial sur le film. Elle s’est contentée de répondre aux questions et de donner à Brett Morgen (le réalisateur), les clés du garde meuble où étaient entreposées toutes les affaires de son défunt mari. Parmi les peintures, les piles de carnets de notes, et les instruments, il trouve une boite de cassettes audio. L’une d’entre elles porte l’étiquette « Montage of Heck ». Il s’agit d’un collage d’extraits sonores, de musiques, de dialogues de films, d’enregistrements de la voix de Kurt… Une véritable plongée dans l’esprit du jeune Seattleite [habitant de Seattle NdR].

La cassette donne son titre au film, mais aussi son format. En effet, le documentaire est lui aussi un impressionnant patchwork créatif. Inspiré par The Wall, Cobain : Montage of Heck mélange interviews en prise de vue réelles, extraits de vidéos super 8, animations des carnets de textes et dessins de Kurt et séquences animées. Par dessus, une bande sonore omniprésente : Nirvana évidemment, mais aussi des reprises du groupe, et la voix de Kurt. Sa voix adolescente, timide mais déjà hantée par l’angoisse, puis sa diction aux syllabes engluées par l’héroïne et ses fantômes.

Éclats de famille

Le film est un travail de montage absolument sidérant. Les sources se mélangent pour dessiner l’histoire tragique d’un petit ange blond, traumatisé par le divorce de ses parents. Mis au ban par ses camarades (à l’époque le divorce n’était pas socialement acceptable), le jeune Kurt va être habité par le besoin d’une famille modèle. Ne la trouvant pas autour de lui, il va sombrer dans l’anxiété et l’apathie – compensant par la drogue et une constante créativité.

L’impact du documentaire est d’autant plus violent, que la plupart des sources n’ont pas eu pour vocation originelle d’être communiquées au public : des films de famille en super 8 aux carnets de Kurt, le spectateur est noyé corps et âme dans la tourmente Cobain. Les interviewés eux même ont été limités aux plus proches de Cobain : Krist Novoselic, ses parents, sa sœur, sa femme et sa petite amie d’avant Nirvana ; les éclats de sa familles en quelque sorte.

La frustration de n’avoir pas eu le foyer familiale dont il avait besoin transpire de l’écran jusqu’à s’infiltrer au plus profond de nous. Regarder ce putain de montage c’est enfiler les chaussures de Kurt Cobain ; pas celles du chanteur de Nirvana, mais celles de cet adolescent de la banlieue de Seattle.

Douleur d’estomac et héroïne

Cobain : Montage of Heck n’est pas un portrait reluisant de Kurt Cobain. Bien au contraire, c’est un portrait incroyablement cru et brutal qui tente de plonger la tête du spectateur dans les relents bileux de la vie de l’ado dépressif qui plonge lentement vers l’adulte héroïnomane qu’il deviendra. Sa peur de vivre, ses angoisses et pulsions suicidaires sont omniprésentes, seulement adoucies par la drogue et les moments de grâce qu’il partage avec sa fille et sa femme.

Il n’a rien voulu de ce qui lui est arrivé : devenir une rockstar, le porte parole d’une génération ou une icône, très peu pour lui. Quand le succès lui est tombé dessus, ses plans se seraient limités à « se faire trois millions puis s’enfermer chez lui pour s’injecter de l’héroïne ».

Mais malgré ce portrait peu reluisant, le montage de Brett Morgen est loin d’être une démystification où la destruction d’une idole. Bien au contraire : l’aspect iconique de Kurt Cobain transcende son mal être et ses choix de vie. En fait, il en découle.

Il est le portrait le plus parfait de l’artiste englouti par son art. A la recherche de perfection, sa créativité va l’emporter loin du rivage jusqu’à le noyer tout entier.

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Colin
Colin
Chroniqueur graphique névrosé, passionné de cinéma de bourrinage vidéo-ludique et de Russ Meyer.

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