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Carré Rose : interview avec Rico Simmons

De la pop culture à la porn culture, avec la chronique Carré Rose, la rédaction d’Eklecty-City va dans les coulisses de l’industrie du X. Pour ce nouveau numéro, nous sommes partis à la rencontre de Rico Simmons, acteur depuis plus de 10 ans. De Hitchcock à Dorcel, notre rencontre avec Rico Simmons, un féru de cinéma et de science-fiction.

Bonjour Rico, merci à toi de participer à notre chronique « Carré Rose ». Dans le cas où il y aurait des internautes qui ne te connaissent pas peux-tu te présenter ?

Rico : Rico Simmons, acteur de films pour adultes depuis plus de 10 ans. J’ai travaillé pour les réalisateurs de film X français les plus renommés, tels que John B.Root, Ovidie, Hervé Bodilis, Pierre Woodman, Jean-François Davy, Pierre Reinhard, etc. Je travaille également beaucoup pour diverses productions à travers l’Europe. J’ai eu la chance d’avoir été nominé pour les prestigieux Hot d’Or et AVN Awards. Je m’amuse parfois à faire des apparitions dans des productions plus grand public, comme la série Hard, diffusé sur Canal+, ou dernièrement dans le film Planetarium, de Rebecca Zlotowski.

A quel âge as-tu décidé de rentrer dans l’industrie du X ?

Rico : Comme beaucoup d’adolescents, je pense que ça a toujours été un fantasme d’exercer ce métier, mais je n’ai jamais sérieusement planifié de devenir acteur de films pour adultes. Ça s’est comme imposé à moi. J’ai tenté des expériences qui m’ont mené à travailler dans ce milieu, qui est d’ailleurs parfois plus proche d’un artisanat que d’une industrie.

Comment es-tu rentré dans le milieu ?

Rico : J’ai comme qui dirait gagné un concours de circonstances ! Plus sérieusement, à l’époque où Facebook et Twitter n’existait pas encore, j’ai été contacté sur un forum spécialisé par une jeune production qui cherchait de nouveaux talents. Ils avaient vu quelques photos de moi en action venant de scènes faites maison, c’est ce qui les a décidés à me donner ma chance. Tout s’est bien passé et, de fil en aiguille, j’ai rencontré des personnes importantes dans le milieu. Une fois encore, rien n’était planifié. Ça s’est fait avec de la chance.

Quel est l’origine de ton pseudo ?

Rico : Rico, je pense que c’est une sorte d’hommage à Rocco Siffredi. Simmons, c’est le nom d’un auteur de SF que j’affectionne particulièrement. Simplement, ça lie un peu deux facettes totalement opposées de ma personnalité, le physique et le cérébral. Un pseudonyme oxymorique, en quelque sorte.

Parle-nous de ta première expérience de tournage. Comment cela s’est passé ?

Rico : Ma première expérience professionnelle de tournage a été un peu spéciale. Je tournais avec une actrice qui était la petite amie du producteur du film. Je sentais bien qu’il n’était pas très à l’aise avec l’idée que je tourne avec elle, mais elle en avait décidé autrement. Ça a failli me déstabiliser mais j’ai finalement réussi à terminer la scène très honorablement. C’est dans ce genre de moment qu’on progresse et qu’on se forge un mental indispensable. Heureusement pour moi, j’ai eu ce déclic dès le début.

Quel est ton meilleur souvenir de tournage ?

Rico : C’est très compliqué de choisir un seul moment agréable dans toute sa carrière. Je pense que le tournage du film « Dis-moi que tu m’aimes », de John B. Root, que nous avons tourné en Crète, était un moment vraiment spécial. C’était assez festif, un peu comme un club de vacances. Bonne ambiance, nourriture locale excellente et tournages sur des pédalos. Bref, un excellent moment.

A ce jour, tu as combien de films à ton actif ?

Rico : Si on regarde ma fiche sur Dorcelvision, j’apparais dans plus de 140 films à ce jour, mais ça ne veut absolument rien dire. Certaines scènes peuvent se trouver dans plusieurs films, par exemple. Je peux également tourner plusieurs scènes hard dans un même film. D’autres fois – la majorité du temps, d’ailleurs – mes scènes n’apparaissent que sur des sites internet. Non, le seul et unique moyen de comptabiliser son expérience, c’est de compter le nombre de scènes effectives. Dans l’absolu, je n’ai aucune idée du nombre de scènes que j’ai pu tourner dans ma carrière. Ça se compte en plusieurs centaines, et dépasse probablement le millier, voire plus. Pour être franc, je n’ai jamais pris le temps de compter et ça ne m’intéresse pas vraiment.

Quel est selon toi le meilleur studio de production ?

Rico : En France, Dorcel propose une esthétique et un style j’ai toujours appréciés. Ça reste, à mon avis, le meilleur studio européen en termes de qualité. Dans un style différent, le studio américain Evil Angel continue de proposer un gonzo qui envoie du lourd et qui a su se renouveler. Au-delà de ces deux monuments, il y a un tas de réalisateurs indépendants qui proposent également des choses très intéressantes. Je trouve les scènes du studio xChimera, chez PornDoe, très réussies, par exemple. J’aimerais beaucoup travailler avec eux.

Qu’est-ce que tu aimes dans le porno ?

Rico : Probablement les mêmes choses que dans la plupart des professions artistiques. Une certaine forme de liberté, tout d’abord. On n’est pas attaché à des horaires fixes. Certaines scènes peuvent être longues ou se finir tard, mais on jouit d’un temps pour soi assez important. Et puis, l’aspect sociabilisant tient beaucoup d’importance à mes yeux. Rencontrer des gens différents, dans des contextes et des lieux tout autant différents, c’est pour moi une source de joie sans cesse renouvelée.

Et qu’est-ce que tu détestes ?

Rico : Les individualistes et les arrogants. Ils sont malheureusement assez présents dans notre profession. Ça laisse parfois penser qu’ils ont une certaine force de caractère et une grande confiance en eux-mêmes. En fait, non. Le milieu du sexe a tendance, de par sa nature marginale, à s’alimenter d’un certain nombre de personnages égoïstes, complexés et passablement névrosés. Ce sont les pires freins à la bonne cohésion de notre profession qui aurait bien besoin d’un peu plus d’unité, notamment après les crises dévastatrices de ces dernières années.

Penses-tu que certaines productions dégradent l’image des actrices ou des acteurs ? Ou « ce n’est que » du cinéma ?

Rico : Il y a une chose à bien comprendre. Dans le milieu du X, personne n’est obligé de faire quoi que ce soit. J’insiste sur ce point, absolument personne ! En règle générale, une actrice – ou un acteur, d’ailleurs – sait pourquoi il est là. Il sait également pour qui il travaille et quelle est l’image qui va être renvoyée de sa personne. Lorsqu’on débute un métier, et a fortiori un métier d’image comme le cinéma X, on se renseigne un minimum sur la voie dans laquelle on s’engage. À moins d’être trompé ou volontairement désinformé par son producteur – ce qui peut arriver – on tourne toujours une scène X en connaissance de cause. Quand bien même je peux considérer que le résultat de certaines scènes est odieux, moche ou glauque, il n’en demeure pas moins qu’il y aura certainement des gens pour l’apprécier. Je ne les juge pas. De plus, oui, je considère que le cinéma X ce n’est que du cinéma. Aussi réaliste que puisse paraître une scène, elle a toujours été préparée, dirigée et jouée. Je fais souvent le parallèle avec le catch : on a envie de croire que c’est vrai, tout en sachant parfaitement que ça n’est que de la comédie.

En terme de salaire un acteur pro gagne t-il autant qu’une actrice ? Est-il possible d’en vivre ?

Rico : C’est de notoriété publique que les actrices X sont mieux payées que les acteurs. C’est parfaitement vrai et ça s’explique également en grande partie par le fait que la carrière d’un acteur peut durer beaucoup plus longtemps. Même si c’est compliqué et que ça prend du temps, il est possible d’en vivre, oui. Très bien, d’ailleurs, pour certains ! Cependant, il y a très – très – peu d’élus. N’espérez pas arrêter votre métier actuel pour devenir acteur X professionnel, du jour au lendemain. Ça ne se passe pas comme ça.

D’après ton expérience, comment le porno va évoluer dans les prochaines années ?

Rico : Pour être très franc, je n’en ai aucune idée. Que ce soit d’un point de vue des tendances ou de la technique, c’est très difficile à anticiper. Les films en 3D ont fait un énorme flop, la VR peine beaucoup à décoller et la 4K n’est pas encore vraiment répandue non plus. Il me semble tout de même que l’uberisation est passée par là et que de nombreuses plateformes telle que Clips4sale et ManyVids vont permettre de faire la part belle au porno fait-maison.

Avec notre chronique, nous partons également à la rencontre des camgirls. Certaines sont parfois plus célèbres que les actrices. Les camgirls sont-elles en train de prendre le contrôle du porno ?

Rico : Ce sont deux univers différents et hermétiques l’un de l’autre. Il peut parfois arriver que certaines actrices aient débuté par la webcam ou que des hardeuses complètent leurs revenus avec ce système, mais ça reste assez marginal. Si les camgirls ont pris le pouvoir du porno, j’ai dû sérieusement raté quelque chose !

Quels sont les actrices / acteurs et les réalisatrices / réalisateurs avec qui tu veux travailler ?

Rico : Il n’y a pas particulièrement d’actrice ou d’acteur avec lesquels je souhaiterais travailler. J’aime la surprise dans ce domaine. En revanche, certains studios comme X-Art, SexArt ou xChimera, me font particulièrement envie, en Europe. Aux USA, j’aimerais beaucoup travailler avec Greg Lansky pour Tushy et Vixen.

Quels conseils donnerais-tu aux futures actrices ainsi qu’aux acteurs qui souhaitent se tourner vers cette carrière ?

Rico : Le meilleur conseil serait de ne pas tout miser sur ce métier. Il est très exigeant, aussi bien professionnellement que personnellement. Il n’y a pas de voie royale, et on peut échouer, même avec la meilleure volonté du monde. Prévoyez-vous toujours une porte de sortie.

Tu le sais chez Eklecty-City nous traitons de l’actualité cinéma. Avec quelle(s) actrice(s) souhaiterais-tu passer une soirée (rires) ?

Rico : Je ne suis pas un fétichiste – un comble pour un hardeur ! – mais je pense que j’aimerais beaucoup rencontrer Eva Green, que je considère comme une actrice absolument remarquable, en plus d’être extrêmement belle. Je l’ai adorée dans « Penny Dreadful », et elle m’a encore fait une forte impression récemment dans le magnifique « White Bird in a Blizzard », de Gregg Araki.

Justement, parlons un peu de tes gouts culturels. Quels sont tes films préférés ?

Rico : Attention, je suis absolument intarissable lorsqu’on me demande de parler de cinéma ! C’est une de mes grandes passions. Il va falloir que je me restreigne. « Blade Runner » reste un film culte dont je ne me lasse pas et j’attends avec une impatience frénétique la suite dirigée par Denis Villeneuve, qui sortira dans quelques mois. Je peux également citer, en vrac, « Le Prestige », « L’Empire Contre-attaque », « Excalibur » ou bien « Conan, le barbare ». Des films devenus cultes.

En règle générale, je suis très fan de science-fiction et de fantastique, mais pas que ! David Lynch et Gregg Araki sont de grandes sources d’inspiration pour moi. « Blue Velvet » et « Mysterious Skin » font inévitablement partie de la liste de mes films favoris. Des réalisateurs plus classiques tels qu’Alfred Hitchcock, Akira Kurozawa et Frank Capra continuent également de susciter mon admiration. Je ne me lasse pas de voir et revoir « Fenêtre sur cour », « Rashômon » ou bien « Mr. Smith au sénat ». Je préfère m’arrêter là, car la liste serait sans fin.

Quelles sont tes séries du moment ?

Rico : Je suis un grand consommateur de séries. Pour ne parler que de celles que je regarde actuellement, il y a l’hilarante série de HBO « Silicon Valley ». Un must see ! En tant que geek, je ne peux pas ne pas citer « The Big Bang Theory », c’est une évidence. Je termine la formidable série de Nat Geo consacrée à la vie d’Albert Einstein, « Genius ». J’essaye également de jongler avec mon retard sur « House of Cards » et la nouvelle saison de « Twin Peaks ». Tout ça me permet d’attendre avec frémissement les nouvelles saisons de « The Expanse », « Stranger Things », « Vikings » et bien entendu « Game of Thrones » !

La musique que tu écoutes en boucle actuellement ?

Rico : « FireBird », le dernier album du prodige de la guitare japonais MIYAVI, m’a complétement subjugué. Complètement différent de ce qu’il a fait auparavant, mais extrêmement entêtant. La BO du film « The Arrival », composée par Jóhann Jóhannson, tourne souvent en boucle dans mes écouteurs également. Plus classique, mais indémodable, l’album « Tres Hombres » de ZZ Top. Une valeur sûre !

Nous nous occupons également de l’actualité jeu vidéo. Es-tu un gameur ? Parle nous de ta meilleure expérience vidéoludique et du dernier jeu auquel tu as joué ?

Rico : Je suis un gameur de la première heure ! J’ai fait mes premières armes sur Intellivision, MO5, NES et ma machine préférée, l’Atari ST. Difficile de choisir ma meilleure expérience vidéoludique, sincèrement. Je transgresse la règle et je vous donne mon top 5, dans le désordre : « Dungeon Master », « Zelda : A link to the past », « Baldur’s Gate », « Deus Ex : Human Revolution » et la série des « Mass Effect ». Je suis d’ailleurs en train de jouer au dernier épisode, « Mass Effect Andromeda » qui est loin d’être aussi mauvais que ce que les critiques ont pu en dire. Je m’y amuse beaucoup et c’est l’essentiel.

Parle-nous de ton actualité et de tes projets en cours.

Rico : Je suis en train de terminer la co-réalisation d’un film pour Jacquie et Michel Elite qui, je l’espère, trouvera sa place dans la grille de Canal+. Michel m’a laissé une grande liberté créative et je lui en suis très reconnaissant. Je réalise et monte également le making of d’un film produit par Dorcel, pour la chaine XXL. Je collabore toujours très régulièrement, en tant qu’acteur, avec la compagnie Dorcel, pour laquelle j’ai une admiration de longue date.

Où te vois-tu dans 10 ans ? Toujours devant la caméra ? A la réalisation ? Ailleurs ?

Rico : Ailleurs, genre sur une autre planète ? Ça me plairait bien, oui ! Plus sérieusement, je me vois plutôt derrière la caméra, car c’est vraiment ce qui m’inspire le plus à long terme. J’ai touché un peu à la vidéo institutionnelle et je dois dire que c’est assez motivant, mais je trouve le film pour adulte toujours passionnant. Il y a toujours beaucoup à faire dans ce domaine.

C’est le moment du selfie, tu dois te prendre en photo avec ta dernière partenaire.

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Rico : Un selfie récent avec trois actrices que j’apprécie beaucoup, Valentina Nappi, Cléa Gaultier et Cassie del Isla. A l’issue d’un très bon repas dans un restaurant qui ne paye pas de mine, au beau milieu de la République Tchèque.

A quelle(s) autre(s) actrice(s) / acteur(s) souhaiterais-tu que l’on pose ces questions ? Pourquoi ?

Rico : Jessie Volt, sans hésitation. C’est une fille pour laquelle j’ai beaucoup d’affection et d’amitié et qui aurait mille choses à raconter sur tous ces sujets.

Pour terminer, quelle question aurais-tu souhaité que l’on te pose et qu’aurais-tu répondu ?

Rico : Vous auriez pu me demander quel est le sens de la vie, de l’univers et de tout le reste. Ma réponse aurait été 42, bien entendu !

Encore une fois merci Rico d’avoir joué le jeu, à bientôt.

Rico : Merci à vous de m’avoir proposé de jouer !

Rico Simmons sur Twitter

Propos recueillis par Thomas pour Eklecty-City.fr, qui remercie Rico Simmons de s’être prêté au jeu d’une interview.

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La Rédaction
La Rédaction
Passionnée, indépendante pour une actualité différente.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je ne comprends toujours pas pourquoi cet acteur existe…,!! Il n’est ni sexy….ni virilement batti ? Mec très très lembda ! Il doit connaître du beau monde ! Il est dans tous les films… Mais en tant que femme je ne comprends toujours pas pourquoi… J’en ai marre de le voir dans tous les films. Sans rien à apporter que mon voisin.

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